C’est à la «belle dame» que les fidèles de Mongolie ont adressé un vœu: qu'elle fasse pleuvoir les bénédictions sur la visite tant attendue du Pape dans ce pays d'Asie orientale. Pour adoucir son cœur et lui demander d'étendre son manteau d'amour sur le voyage que le Souverain Pontife effectuera du 31 août au 4 septembre, ils ont beaucoup prié et récité de chapelets. Dans toutes les communautés catholiques où elle a été portée, il en a été de même: mêmes honneurs, mêmes demandes. Du reste, le nom de la «belle dame» a été choisi par François lui-même: il a voulu qu'elle soit appelée Mère du Ciel, créant ainsi un lien avec la culture mongole, qui identifie précisément dans l'espace illimité du soleil, de la lune et des étoiles, le siège du divin. Et quelle histoire extraordinaire que celle de cette statue en bois magnifiquement sculptée aux traits de la Vierge Marie, retrouvée dans une décharge du nord de la Mongolie par une femme, pauvre et pas même chrétienne. C'est le cardinal Giorgio Marengo, missionnaire de la Consolata et préfet apostolique d'Oulan-Bator, la capitale du pays, qui en a parlé au Pape. C'est lui qui a voulu que la «belle dame» soit portée, avant le début du voyage de François, dans un long pèlerinage qui a traversé toutes les paroisses, même les plus éloignées.
Peut-être que peu de gens le savent encore, mais le sol qui, dans quelques jours, sera foulé par un Pape pour la toute première fois a été consacré à la Mère du Ciel. C'est en la solennité de l'Immaculée Conception de 2022 que, dans la cathédrale d'Oulan-Bator, devant cette statue recouverte d'un manteau fait de morceaux de tissu de toutes les couleurs, placés là pour représenter les multiples diversités humaines, que le cardinal Marengo a confié toute la Mongolie à Marie. Un événement extraordinaire, comme la visite du Pape trente-et-un ans après la naissance de l'Eglise dans le pays et l'établissement de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Tout cela au lendemain de l'effondrement du régime communiste. «Le fait que le Successeur de Pierre soit parmi nous représente une grâce spéciale pour toute l'Eglise locale», a déclaré Giorgio Marengo dans une interview accordée aux médias du Vatican. Le préfet apostolique d'Oulan-Bator n'ignore cependant pas la grande valeur historique, politique et sociale du voyage de François, dont le -thème, qui n'est pas un hasard, est «Espérer ensemble»: «Idéalement, cette visite peut être reliée à un événement qui s'est déroulé il y a huit cents ans, lorsque le Pape Inno-
cent iv a envoyé le frère Giovanni da Pian del Carpine comme son messager de paix aux Mongols qui se trouvaient aux portes de l'Europe. En quelque sorte, les premiers contacts entre les papes et les empereurs mongols ont eu lieu dès le xiii e siècle».
Dans ce pays qui se trouve à la frontière de la Russie et de la Chine, qui s'enorgueillit d'avoir pour fondateur le condottiere Gengis Khān, qui compte à peine trois millions et demi d'habitants répartis sur un territoire de plus d'un million et demi de kilomètres carrés, avec plus de 30% d'habitants nomades, les fidèles catholiques forment un petit troupeau. Mille cinq cents baptisés répartis dans huit paroisses et une chapelle: cinq de ces lieux de culte se trouvent à Oulan-Bator et quatre dans des zones assez reculées de la lointaine steppe. Giorgio Marengo n'hésite pas à la présenter comme «une communauté petite mais vivante, engagée surtout dans des projets de promotion humaine intégrale: de l'éducation à la santé, en passant par le soin des personnes les plus fragiles». Les itinéraires de foi ne manquent pas avec le pré-catéchuménat, le catéchuménat, la vie liturgique et la catéchèse permanente: «Une pastorale qui cherche à privilégier la qualité du choix de foi des personnes», dit le cardinal. A ce petit troupeau de fi-dèles s'ajoutent environ soixante-dix missionnaires, dont vingt-cinq prêtres, une trentaine de religieuses et quelques laïcs, provenant de vingt-sept pays différents. Et puis il y a un autre chiffre qui donne de l'espoir au préfet: «Dans cette structure ecclésiale articulée, nous devons compter sur deux prêtres locaux; pour l'instant, ce sont les seuls, mais je suis sûr qu'ils augmenteront avec le temps».
Vivre selon l'Evangile, saisir pleinement l'opportunité de l'inculturation et améliorer la formation du clergé, des catéchistes et des agents pastoraux sont quelques-uns des défis auxquels l'Eglise de Mongolie est confrontée aujourd'hui. Mais il en est un autre auquel Giorgio Marengo accorde une attention particulière: le dialogue interreligieux, dans un pays où la majorité de la population déclare être de foi bouddhiste. «Dès le début, dit-il, le dialogue interreligieux a profondément marqué l'expérience ecclésiale en Mongolie. L'Eglise catholique a un besoin absolu de relations avec les fidèles des autres religions, en particulier avec le monde bouddhiste, avec celui lié à la foi chamanique et avec l'islam». Une dimension qui s'est accrue au fil du temps, à tel point que les rencontres entre responsables religieux sont passées d'une cadence annuelle à une cadence bimensuelle. «Ces rencontres ont lieu à Oulan-Bator et servent à mieux se connaître et à partager nos chemins de vie. Nous ne pourrions jamais y renoncer», conclut le cardinal.
Federico Piana