Le cardinal secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, a accompli un voyage en Afrique, se rendant d’abord en Angola, du 11 au 14 août pour l’ordination épiscopale du premier nonce apostolique angolais, puis, le 14 août, il est arrivé au Soudan du Sud, où il est resté jusqu’au 17, poursuivant la mission de paix commencée par le voyage du Pape François dans ce pays au début du mois de février 2023.
A son arrivée à l’aéroport international de Luanda, en Angola, le vendredi 11 août, le cardinal a été accueilli par des évêques de la conférence épiscopale d’Angola et de São Tomé (ceast) et a été reçu par le président de la République João Lourenço, au palais du gouvernement de la province de Cunene, à Ondjiva. Le thème des relations entre l’Eglise et l’Etat angolais, en particulier l’accord-cadre signé par les deux parties, a été abordé et le cardinal Parolin s’est dit satisfait de la mise en œuvre de nombreux points souscrits. Il a également été question de la situation politique internationale, en particulier en République démocratique du Congo (rdc), au Niger et en Ukraine (Europe de l’Est). Le lendemain, samedi 12 août, le cardinal Parolin a présidé la Messe d’ordination épiscopale du nonce angolais, Mgr Germano Penemote, nommé par le Pape le 16 juin dernier nonce apostolique au Pakistan. «La joie de l’Eglise d’Ondjiva est grande, comme celle de l’Eglise d’Angola, parce que c’est le premier fils de cette terre qui est appelé à remplir la mission de nonce apostolique», a-t-il déclaré dans son homélie. «Je suis venu partager votre joie», a dit le secrétaire d’Etat devant l’assemblée réunie. «Vous êtes un ambassadeur de la bonne nouvelle pour les êtres humains, — a souligné le cardinal Parolin en s’adressant au nouveau nonce — en leur faisant savoir qu’ils ne sont pas condamnés à répéter, sous de nouvelles formes, les tragédies habituelles résultant des guerres et des luttes fratricides». Au contraire, a insisté le cardinal, «il faut leur rappeler qu’ils sont invités à se reconnaître comme frères et sœurs et à travailler avec tous les moyens pour construire et renforcer les chemins de la paix, de la solidarité et de la civilisation». Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a rappelé la mission du nonce de renforcer la foi des fidèles catholiques du Pakistan, afin qu’ils puissent chercher des voies de dialogue avec les fidèles de l’islam et des autres religions. «Il s’agit d’un dialogue nécessaire pour se reconnaître mutuellement comme frères et sœurs, indépendamment des différences, et pour écarter tout risque de manipulation de la religion et toute légitimation inacceptable de la violence».
Le lundi 14 août, le secrétaire d’Etat s’est ensuite rendu au Soudan du Sud où il est resté jusqu’au 17 août, visitant la capitale, Djouba, avant de se rendre à Malakal puis à Rumbek. Cette visite avait pour but de promouvoir le processus de paix pour lequel le Pape François et l’Eglise locale plaident depuis plusieurs années. La journée du 14 août s’est déroulée dans la capitale, Juba, où il a rencontré le président Salva Kiir Mayardit et le premier vice-président Riek Machar, ainsi que le cardinal Gabriel Zubeir Wako, archevêque émérite de Khartoum, et l’archevêque Stephen Ameyu Martin Mulla de Juba. Le président et le cardinal ont discuté de diverses questions liées au processus de paix et aux élections générales prévues pour 2024. A cette occasion, le cardinal Parolin a «appelé le peuple du Soudan du Sud à embrasser l’esprit de paix et de réconciliation afin de construire une société harmonieuse dans le pays». Plus tard, le cardinal a participé à une cérémonie de plantation d’arbres à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, en signe de la volonté du peuple sud-soudanais de rechercher la paix dans leur pays. Dans une -brève allocution, il a remercié les paroissiens locaux pour leur accueil chaleureux lors de cette troisième visite dans le pays, après juillet 2022 et le voyage apostolique du Pape François du 3 au 5 février derniers.
Mardi 15 août, le cardinal Parolin s’est rendu à Malakal, dans l’Etat du Nil supérieur, où il a célébré la Messe de la solennité de l’Assomption dans la cathédrale Saint-Joseph. Dans son homélie, le cardinal a transmis les salutations du Pape et sa proximité avec le peuple du Soudan du Sud. «Le Saint-Père se souvient encore très bien de sa visite au Soudan du Sud en février de cette année», a déclaré le cardinal, «et il porte dans son cœur ce pays, son peuple, ses difficultés et ses blessures, ainsi que ses attentes et ses espoirs». Le cardinal Parolin a déclaré que sa visite dans le pays visait à transmettre «la communion et la solidarité de l’Eglise universelle» et à rappeler aux Sud-Soudanais qu’aucun chrétien n’est jamais seul puisque nous sommes tous unis dans le Christ. «Et si un membre souffre, il ou elle a un droit plus grand que les autres à l’attention, aux soins, à l’amour», a-t-il déclaré. Le secrétaire d’Etat a ensuite déploré les nombreuses guerres qui affligent les populations dans diverses parties du monde, y compris la guerre civile au Soudan du Sud. Il a rappelé les nombreuses personnes qui ont fui leurs maisons à cause du conflit, soulignant le «grand fléau de la vengeance» qui, selon lui, «détruit vos communautés». Toutefois, a-t-il ajouté, l’Assomption de Marie rappelle aux chrétiens que le mal n’a jamais le dernier mot et que le pouvoir de ceux qui humilient les autres est éphémère, car leur «orgueil, leurs armes et leur argent ne les sauveront pas». Le cardinal Parolin a encouragé les habitants du Soudan du Sud à se tourner vers le Christ et sa mère pour se rappeler que l’espérance en Dieu ne déçoit jamais, en particulier lorsque les chrétiens associent leur espérance à la foi et à des actions concrètes d’humble service au nom de la paix. «La foi, la charité, l’humilité et la douceur sont le chemin de l’Evangile, le chemin sur lequel Marie a marché et qui l’a conduite à la place resplendissante de Reine, à la droite de son Fils Jésus, pour être un signe de consolation et d’espérance pour le monde entier», a-t-il conclu. Dans l’après-midi, le cardinal Parolin a accompagné des réfugiés à un centre d’accueil au Soudan du Sud.
Mercredi 16, la journée s’est ouverte par la célébration de la Messe à la résidence de l’évêque à Malakal, et le cardinal s’est ensuite rendu à l’école et au petit séminaire Saint-Charles Lwanga. Là, il a rencontré les communautés des chefs traditionnels du Haut-Nil. Dans l’après-midi, il s’est entretenu avec les autorités et le personnel de l’unmiss, la mission de maintien de la paix des Nations unies au Soudan du Sud, et ensuite les prêtres, les religieux, les religieuses et les séminaristes du diocèse de Malakal.
Enfin, jeudi 17 août, le cardinal-secrétaire d’Etat s’est rendu à Rumbek où il a célébré la Messe pour la paix et la réconciliation. «Il est temps de tourner la page», pour faire place à la justice et à la paix, a dit le cardinal, en citant le Pape François. «L’absence de justice et de paix, a observé le secrétaire d’Etat, génère des peurs et des sentiments d’impuissance: quand la peur l’emporte, on cède à la tentation de mettre plus de foi dans les armes que dans le pouvoir du pardon, de faire confiance plus dans nos -moyens que dans la transformation qui vient du Seigneur ressuscité. Nous devenons incapables de nous engager pour la justice et la paix et de construire une communauté plus fraternelle. Les causes de discorde s’élargissent, comme les inégalités économiques. Nous cédons à la co-lère, la méfiance, l’orgueil et l’égoïsme. La peur peut aussi surgir de l’intérieur de nous-mêmes, de la réalité du péché, mais le Christ a chassé le péché, a vaincu la peur, révélé l’amour parfait», a averti le cardinal Parolin en appelant la communauté ecclésiale à ce qu’elle «fasse partie de la société humaine et apporte avec elle les mêmes difficultés et contradictions». En parlant de l’Eglise, le cardinal a déclaré: «Nous sommes des serviteurs de l’Evangile», soulignant que «nous nous appartenons par notre foi chrétienne, quelle que soit notre origine ou notre tribu». Tout dommage fait à une seule personne, «à un frère ou à une sœur, nuit à toute la société», a-t-il poursuivi, exhortant à renoncer à la violence comme moyen de régler les différends: «C’est le pardon, obtenu du Christ sur la croix, qui est la clé de la justice et de la paix, la non-violence est le seul moyen de surmonter les divisions au sein d’une communauté». Le cardinal Parolin a ensuite rappelé les paroles du Pape François lors de sa visite au Soudan du Sud en février dernier, selon lesquelles en se faisant petit et en laissant la place à son prochain en qui on reconnaît un frère, on devient grand aux yeux du Seigneur. Il y avait un fort appel à abandonner les idoles de l’honneur et du prestige personnels, à dépasser les différences et les divisions dictées par l’appartenance à des groupes ethniques. Etre Eglise, a ajouté le cardinal Parolin, ne signifie pas seulement avoir reçu le baptême une fois pour toutes ou participer passivement à une célébration. D’où l’exhortation à recevoir fréquemment les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, à valoriser l’engagement chrétien dans le mariage ou dans la vie consacrée: La famille est la première école de la société et la vie religieuse est vitale pour la mission de l’Eglise, appelée à servir et non à commander», a-t-il souligné. «Soyez courageux», a déclaré le secrétaire d’Etat du Vatican: «C’est le moment de vous engager, de faire voir votre enthousiasme, votre potentiel et l’envie de vous impliquer». «Le mal n’a pas le dernier mot et ne l’emporte pas», a-t-il conclu.