· Cité du Vatican ·

Appel du Pape en la journée internationale de commémoration des victimes d’actes de violence fondés sur la religion

Nul ne peut instrumentaliser le nom de Dieu

 Nul ne peut instrumentaliser le nom de Dieu  FRA-034
24 août 2023

@Pontifex 

«Je renouvelle l’appel à cesser d'instrumentaliser les religions pour inciter à la haine, à la violence, à l'extrémisme et au fanatisme et à cesser d'utiliser le nom de Dieu pour justifier des actes de meurtre, d'exil, de terrorisme et d'oppression»

(22 août 2023)


Mardi 22 août, dans un tweet, le Pape François, reprenant des paroles du Document sur la fraternité humaine, à l'occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes d'actes de violence fondés sur la religion ou la conviction, instituée par l'Onu, renouvelait son «appel à cesser d’instrumentaliser les religions pour inciter à la haine et à la violence».

Selon l' ong Portes Ouvertes, il est «impossible de ne pas mentionner l'augmentation de la violence contre les chrétiens» perpétrée dans de nombreux pays où les minorités sont particulièrement vulnérables et ciblées. Or, ce sont précisément les chrétiens qui, selon un rapport du Pew Research Center (Etats-Unis), constituent la communauté religieuse la plus persécutée dans le monde en raison de leur foi. Dans un communiqué, l' ong indique que l'augmentation des actes violents fondés sur la religion à l'encontre des minorités chrétiennes est particulièrement évidente en Inde (Manipur), au Pakistan (Punjab), au Nigéria, au Cameroun ou encore au Bangladesh. Dans l'Etat de Manipur, de violents affrontements font rage depuis près de trois mois en raison des tensions entre le groupe ethnique Meitei, majoritairement hindou, et la minorité Kuki-Zomi, majoritairement chrétienne.

Les tensions, qui ont fait des dizaines de victimes, se sont aggravées après que le gouvernement pro-hindou de Manipur ait décidé d'accorder davantage de terres et de privilèges aux Meitei, ce qui a contraint les Kuki-Zomi chrétiens à fuir. En juillet dernier, le parlement européen a adopté une résolution urgente sur cette situation, appelant le gouvernement indien à «prendre toutes les mesures nécessaires» pour mettre un terme immédiat aux violences motivées par des considérations ethniques et religieuses.

En Afrique, c'est le Nigéria qui compte le plus grand nombre de chrétiens tués au nom de leur foi: 5.014 cas ont été documentés en 2023 par Portes Ouvertes. «La violence, perpétrée principalement par des groupes militants islamistes, rapporte le communiqué de l' ong , est depuis longtemps diffuse sur le continent, à commencer par le Sahel et le bassin du lac Tchad, terrorisés par Boko Haram, et par la côte-est de l'Afrique jusqu'au Mozambique». Même le Cameroun, à majorité chrétienne (plus de 60%), subit depuis plusieurs années les attaques brutales des combattants de Boko Haram contre les villages chrétiens de l'extrême nord. Dans les régions montagneuses, «les chrétiens quittent leurs villages tous les soirs pour se cacher dans la brousse ou dans les montagnes pour y passer la nuit. Les gens vivent dans un état d'insécurité permanent». Dans ces conditions, les chrétiens ont du mal à se rassembler, notamment à cause de la dévastation des lieux de culte, et doivent vivre leur foi seuls et souvent en secret.

Les attaques contre les chrétiens, poursuit Portes Ouvertes, ne prennent pas exclusivement la forme d'atteintes directes à la vie de la victime, mais peuvent revêtir de nombreuses formes de violence physique ou matérielle. Outre les morts et les blessés, il y a les attaques contre les églises et d'autres bâtiments tels que les écoles et les cliniques, les fermetures d'églises, les arrestations de chrétiens condamnés et l'emprisonnement dans des prisons ou des camps de travail forcé. «Les enlèvements, les agressions sexuelles, les mariages forcés, les abus physiques et psychologiques, les déplacements, les maisons ou les entreprises détruites ou pillées sont d'autres formes de violence à l'encontre de ces communautés de croyants».

Adriana Masotti