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Dans un podcast, le Pape dialogue à distance avec des jeunes en vue des jmj de Lisbonne

«Même si vous commettez des erreurs Dieu est fou d’amour pour vous»

 «Même si vous commettez des erreurs  Dieu est fou d’amour pour vous»  FRA-030
27 juillet 2023

En vue des prochaines jmj de Lisbonne, Radio Vatican - Vatican News a produit un nouvel épisode de «Popecast», l’initiative éditoriale lancée à l’occasion du dixième anniversaire du pontificat de François. Cette fois-ci, le dialogue à distance du Pape se fait avec un groupe de garçons et de filles qui se confient et racontent leur histoire.

«Esta es la juventud del Papa...». Quelle est la jeunesse du Pape? Qui sont les jeunes d’aujourd’hui? A partir du macrocosme des jmj qui commencent d’ici quelques jours à Lisbonne, il peut être difficile d’entrer dans les nuances d’une génération caractérisée par l’avancée des technologies, marquée par de nombreuses fragilités, mais qui se distingue aussi par le désir de faire, de découvrir, de se réinventer. Ces jeunes représentant la génération z , la génération x ou encore les millennials dialoguent avec le Saint-Père dans un nouveau podcast — «Popecast» — mis en ligne par la rédaction italienne de Radio Vatican-Vatican News.

«Le podcast? Oui, je m’en souviens!»

«Le podcast? Oui, je m’en souviens», a répondu François. Le premier avait eu lieu en mars, à l’occasion du dixième anniversaire de son pontificat. La proposition était de faire un deuxième épisode en vue des jmj , où les protagonistes sont des garçons et des filles de milieux différents, qui, lorsqu’ils ont parlé, ne savaient pas encore que leur voix résonnerait dans les haut-parleurs d’un ordinateur de la Maison Sainte-Marthe. Il y a donc toute l’authenticité des jeunes qui s’épanchent, racontent leur histoire, se confient les uns aux autres. Devant cet ordinateur est assis le Successeur de Pierre, qui grimace parfois de douleur en entendant des mots comme suicide, condamnation, marginalisation. Il sourit devant la diversité des accents. Le souci est de répondre à chacun. Et cette répon-se est toujours «Dieu», l’horizon de la vie, et «aller de l’avant».

L’histoire de Jonas, handicapé et transgenre

Dans cet épisode, le Pape s’adresse à Jonas, porteur de handicap, homosexuel, transgenre, croyant, qui ne revendique rien mais veut juste partager son histoire: «Cultiver une foi que je sentais vraiment mienne, m’a aidé à m’accepter dans mon corps handicapé, atypique, à ne jamais vraiment me sentir seul même dans les difficultés», raconte-t-il. «Lors-que j’ai pris conscience que j’étais une personne transgenre, j’aurais tellement préféré ne pas croire... Qu’en est-il de ce corps merveilleux et parfait que Dieu a créé? Je me sentais écrasé par la dichotomie entre la foi et l’identité transgenre». Jonas explique que les premières personnes à qui il s’est confié ont tenté de le dissuader, préfigurant «un chemin sombre», celui des «déserteurs du Christ». «Je me sentais coupable».

Dieu nous aime tels que nous sommes

«Dieu nous aime tels que nous sommes», lui dit François, «le Seigneur marche toujours avec nous, même dans le cas où nous sommes pécheurs, il s’approche pour nous aider». «Le Seigneur marche toujours avec nous, toujours. Le Seigneur n’est dégoûté par aucun d’entre nous. Même si nous sommes pécheurs, il s’approche pour nous aider. Le Seigneur n’est pas dégoûté par nos réalités, il nous aime tels que nous sommes. Et c’est cela l’amour fou de Dieu... Dieu nous aime tels que nous sommes, Dieu nous caresse toujours. Dieu est notre père, notre mère, notre frère, il est tout pour nous. Et c’est difficile à comprendre, mais il nous aime comme nous sommes. N’abandonne pas... Va de l’avant...».

Edward et Valerij,
la marginalisation, l’orphelinat,
la colère

En Amérique du Sud, Edward, un Roumain, était membre d’un babygang. Il a volé et trafiqué, en réponse à une condition de pauvreté et de marginalisation. Il se décrit comme «un bon garçon, mais si fragile». Valerij est russe et a eu recours à la violence. Il a évacué une rage intérieure accumulée après l’abandon de ses parents dans un orphelinat. Il n’a pas de rêves, confie-t-il, mais n’attend que la fin de sa peine. Tous deux se trouvent dans le centre de rééducation pour mineurs de Kayros.

Les erreurs ne doivent pas étouffer la vie

Leur histoire est «humaine», dit le Pape, une histoire qui «se poursuit avec des succès et des erreurs». «La société est souvent cruelle parce qu’une erreur nous étiquète pour la vie.... Ce doigt accusateur nous détruit. Je vous dis une chose: vous n’étiez pas seul sur votre chemin, même lorsque vous avez commis de erreurs, le Seigneur était là. Et le Seigneur est prêt à te prendre par la main, à t’aider à te relever. C’est Lui qui a créé les circonstances historiques pour vous relever tous les deux.... La vie n’est pas noyée dans les erreurs. Nos erreurs nous font souvent réfléchir pour aller de l’avant».

Ariane, les troubles et le salut de Dieu

Ariane n’est pas mineure, mais elle reste une jeune fille. Elle souffre d’un trouble bipolaire qui l’enferme et l’empêche de travailler. Elle dort pour échapper à l’angoisse d’une vie semée d’embûches, y compris psychologiques. Elle raconte tout avec la lucidité de celle qui se sent «sauvée par Dieu».

Ne pas perdre l’aventure de la vie

Le Pape, ému par son récit, demande à entendre deux fois certains passages, notamment celui où la jeune fille dit vivre comme sur «une balançoire entre l’envie de se suicider et le cœur qui explose de joie». «Une telle vie risque d’être un labyrinthe», lui confie le Saint-Père. «Regarde toujours devant toi, ne perds pas de vue l’horizon, parce que c’est ce qui te fera avancer. Et l’horizon, c’est Dieu. Ne perd pas cette aventure de la vie. N’entre pas dans les labyrinthes de la conscience qui, en fin de compte, ne nous sauvent pas...». Le Souverain Pontife a également invité à observer tous les soins psychologiques nécessaires: «Nous avons tous des blessures psychophysiques, nous sommes tous blessés par la vie et par le péché».

Agustina et les jeunes d’Argentine

Agustina, d’Argentine, accompagne les jeunes. Elle parle de l’action des garçons et des filles de son pays pour un avenir «meilleur». «Argentine... vous connaissez, Saint-Père». Celui-ci, les yeux brillants, se met à l’écoute de sa compatriote et lui raconte «une histoire»: «Un jour, les anges sont allés voir Dieu et se sont plaints: “Toi, Père éternel, tu es injuste parce que tu nous as donné à tous une seule richesse... alors qu’à l’Argentine, tu as tout donné, elle est riche en tout”. Et le Père éternel de répondre: “Mais je m’en suis rendu compte et pour équilibrer, je leur ai donné les Argentins”. Le problème de l’Argentine, c’est nous qui, souvent, n’avons pas la force de continuer».

L’exemple de la Coupe du monde de football

L’exemple, pour François, c’est la dernière Coupe du monde de football: «Hollande au départ, première mi-temps, 2-0. formidable! Et qu’ont fait les Argentins? ». «On a gagné!» A la fin, ils ont dû gagner sur un penalty. France, 3-1. «Ah, on a déjà gagné!» Mais il manquait la deuxième mi-temps. A la fin, ils ont gagné sur un penalty. Nous pensons que c’est fini parce que nous sommes fatigués du chemin et nous nous arrêtons à mi-chemin».

Valeria, les désirs et critiques des jeunes à l’égard de l’Eglise

Elle est jeune et souhaite s’exprimer au nom des jeunes. Valeria est professeure de religion. Elle est la porte-parole des questions, des revendications et même des plaintes qu’elle recueille dans son service. Comme le souhait d’une Eglise plus transparente, modernisée dans ses méthodes, proche des gens.

L’Eglise est Eglise quand elle est en mouvement

«Une Eglise en marche, en somme», observe le Pape. «L’Eglise est Eglise quand elle est en mouvement». Immobile, «elle est une secte religieuse repliée sur elle-même». Dans l’Eglise, il y a souvent des luttes entre petits groupes, mais, poursuit l’Evêque de Rome, «lors-qu’une différence se transforme en parti, cela tue l’unité.... Nous ne sommes pas tous uniformes dans l’Eglise et c’est cela la grandeur».

La vie virtuelle de Giuseppe

Le dernier jeune s’appelle Giuseppe, un étudiant qui a abandonné l’université et qui passe la plupart de son temps devant ses jeux vidéo, ne tissant que des relations virtuelles. «En fin de compte, je ne fais pas de mal et je n’en reçois pas non plus», dit-il.

Un contact humain aseptisé

Le Pape l’écoute et passe du rôle de grand-père au rôle de père, n’épargnant pas une certaine sévérité car des garçons comme Giuseppe ont peut-être besoin d’être secoués: «Tu as vraiment développé une façon de vivre, d’être en contact avec les gens, mais c’est un contact aseptisé. C’est comme la thérapie en milieu carcéral, où l’on voit les membres de la famille derrière une vitre. L’horizon te manque... On ne peut pas vivre sans horizon. On finit par s’ennuyer de soi-même, avec le temps».

L’invitation à se rendre aux jmj

«Irez-vous aux jmj ?», C’est la question posée à tout le monde. Certains iront, d’autres pas. «Cela vaut la peine d’aller aux jmj . Cela vaut la peine de prendre le risque! Ceux qui ne prennent pas de risques n’y vont pas. Cela vaut la peine d’y aller et d’en parler ensuite», lance le Souverain Pontife à l’adresse de tous les jeunes.

La proposition d’une Journée mondiale de l’enfance

Presque à l’issue de la rencontre, dans l’urgence d’un agenda estival marqué par tout sauf par le repos, une dernière question: «Cela, Saint-Père, il faut vraiment que vous l’entendiez! C’est le message vocal d’Alessandro, 9 ans, qui lance la proposition d’une “ jme ”, la Journée mondiale de l’enfance».

«Cela me plaît beaucoup et on pourrait la faire organiser par les grands-parents! C’est une bonne idée. Je vais y réfléchir et voir comment faire», a répondu François.

Salvatore Cernuzio