Cette page de l’Evangile de Matthieu cultive le paradoxe: «Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger»! Le joug est par définition pesant, être sous le joug de quelqu’un signifie lui être asservi. Plus loin, au chapitre 23 de Matthieu, Jésus dénonce «les scribes et les pharisiens (…) [qui] lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des hommes, alors qu’eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt». Pour les juifs, le mot «fardeaux» au pluriel désignait l’ensemble des prescriptions légales. Le rapport à la Loi ne peut être déconnecté du rapport à l’autre, au frère. Car le rapport à la Loi peut devenir un lieu de domination.
Jésus dit «venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau». S’adresse-t-il à ceux sur les épaules desquels les chefs religieux ont lié de pesants fardeaux? Avant, il loue le «Père» d’avoir caché aux sages et aux savants ce qu’il a révélé aux tout-petits. Serait-ce cette bonne nouvelle que son joug est facile à porter et son fardeau léger? «Venez à moi», dit-il, «et moi, je vous procurerai le repos». L’image du joug suggère qu’il s’agit d’être attelé avec, et avec qui sinon Celui qui nous dit que son joug est facile à porter? Et on comprend pourquoi dès lors que c’est Lui qui porte avec nous!
Le roi annoncé par Zacharie dans la première lecture est humble, et Jésus se présente à ses disciples comme «doux et humble de cœur». Le secret de cette humilité est que tout son être est en référence au Père. C’est le rapport au Père qui nous fait tous frères, et c’est dans le rapport au frère que se vérifie la justesse de notre rapport à la Loi. Si nous n’avons pas la grâce d’être de ces tout-petits à qui cela a été révélé, il nous reste à espérer et demander la grâce d’être de ces puissants renversés de leur trône selon les mots du Magnificat par Celui qui est l’Amour même et que cette expérience fonde notre Foi en Christ, à l’image de Paul, le converti du chemin de Damas. C’est là le secret de la Joie!
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Mon joug, le Christ et moi
Si je peine, ploie sous les fardeaux de la vie, de mes émois,
Jésus Christ m’offre du repos,
en les portant avec moi;
notre Seigneur vient en la Cité
pour redonner aux hommes
un rôle de soutien; je t’apporte
ma bienveillance, un baume.
Le Christ et mon joug
Jésus offre un joug léger,
celui d’être amour fraternel;
en l’Eglise, unie et harmonieuse,
je peux supporter
les fardeaux de l’existence;
si l’on s’aime en l’Eternel,
les difficultés vécues paraissent aisées
à surmonter.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 9 juillet, xive du Temps ordinaire
Première lecture: Zc 9, 9-10
Psaume: 144
Deuxième lecture: Rm 8, 9. 11-13
Evangile: Mt 11, 25-30.
Bruno Lachnitt*