· Cité du Vatican ·

Entretien avec le quotidien des Emirats arabes unis «Al-Ittihad»

L’indignation du Pape pour l’incendie du Coran en Suède

06 juillet 2023

«Je suis indigné et dégoûté par ces actions». C’est en ces termes que François a commenté, en dialoguant avec Hamad Al-Kaabi, rédacteur-en-chef du quotidien des Emirats arabes unis «Al-Ittihad», l’incendie des pages du Coran survenu mercredi 28 juin en Suède. «Tout livre considéré comme sacré par son peuple doit être respecté par respect pour ses croyants, et la liberté d’expression ne doit jamais être utilisée comme une excuse pour mépriser les autres, et permettre cela doit être rejeté et condamné»,

François a évoqué son état de santé après sa récente opération de l’abdomen: «Cela a été difficile, mais maintenant, grâce à Dieu, je vais mieux grâce à l’engagement et au professionnalisme des médecins et du personnel soignant que je remercie beaucoup. Je prie pour eux, leurs familles, et pour toutes les personnes qui m’ont écrit et ont prié pour moi en ces jours».

Le Pape, rappelant sa visite à Abou Dhabi en 2019, a exprimé sa reconnaissance pour l’engagement des Emirats arabes unis et du cheikh Mohamed bin Zayed pour le chemin parcouru afin de diffuser la fraternité, la paix et la tolérance, et a demandé à ce que les jeunes ne soient pas laissés seuls par les adultes face à l’emprise des mirages et des chocs de civilisations: «A mon avis, la seule façon de protéger les jeunes des messages négatifs, des informations fausses et inventées, et des tentations du matérialisme, de la haine et des préjugés, est de ne pas les laisser seuls dans ce combat, mais de leur donner les outils nécessaires que sont la liberté, le discernement et la responsabilité. La liberté est ce qui distingue une personne. Dieu nous a créés libres même de le rejeter; la liberté de pensée et d’expression sont essentielles pour les aider à grandir et à apprendre». «Nous ne devons jamais tomber dans l’expérience de traiter les jeunes comme des enfants incapables de choisir et de prendre des décisions» — a poursuivi le Souverain Pontife —, «ils sont le présent et investir en eux signifie garantir la continuité», en suivant toujours la règle d’or qui consiste à faire aux autres ce que l’on voudrait qu’on nous fasse.

Répondant à une question concernant le Document sur la fraternité humaine, le Pape a confié qu’il en offre toujours une copie aux délégations qu’il reçoit au Vatican, «parce que je crois qu’il s’agit d’un texte important non seulement pour le dialogue entre les religions, mais aussi pour la coexistence pacifique entre tous les êtres humains. Il y aura la civilisation de la fraternité ou celle de l’inimitié; soit nous construisons l’avenir ensemble, soit il n’y aura pas d’avenir». François s’est félicité de l’adhésion de la communauté internationale au message et aux objectifs du document. «La fraternité humaine est l’antidote dont le monde a besoin pour guérir du poison de ces blessures. L’avenir de la coopération interreligieuse est fondé sur le principe de la réciprocité, du respect de l’autre et de la vérité».

«Notre devoir — a ajouté François — est de transformer le sens religieux en coopération, en fraternité, en œuvres concrètes de bien. Aujourd’hui, nous avons besoin d’artisans de paix, et non de fabricants d’armes; aujourd’hui, nous avons besoin de constructeurs de paix, et non d’instigateurs de conflits; nous avons besoin de pompiers, et non d’incendiaires; nous avons besoin de défenseurs de la réconciliation, et non de menaces de destruction».

A propos des engagements concrets dans cette direction, encourageant les initiatives caritatives lancées après la publication du document, le Pape a dit: «Il est facile de parler de fraternité, mais la véritable mesure de la fraternité est ce que nous faisons concrètement pour aider, soutenir, secourir, nourrir et accueillir nos frères et sœurs en humanité. Chaque bien, de par sa nature même, doit s’adresser à tous sans distinc-tion. Si je ne fais du bien qu’à ceux qui pensent ou croient comme moi, alors mon bien est une hypocrisie, car le bien ne connaît ni discrimination ni exclusion».

A propos de l’augmentation des menaces terroristes, François a répondu à travers les termes du document, en condamnant «toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes, les déplacements forcés, le trafic d’organes humains, l’avortement, l’euthanasie, et les politiques qui soutiennent tout cela». Enfin, le Saint-Père a exprimé son appréciation pour la «Maison de la famille d’Abraham» à Abou Dhabi, un espace comprenant une église dédiée à saint François, une mosquée et une synagogue, créé pour concrétiser le principe de la fraternité humaine. Et au sujet de l’urgence climatique et environnementale, il a affirmé que la seule manière efficace de s’attaquer à cette crise est de trouver des solutions réalistes aux problèmes réels de la crise écologique: nous devons passer des déclarations à l’action avant qu’il ne soit trop tard.