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Mgr Minassian évoque le voyage du Pape il y sept ans

«N’oubliez pas les Arméniens du Haut-Karabakh»

28 juin 2023

Soixante-quinze ans ans de vie, dont 50 consacrés au sacerdoce: pour le patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques, Raphaël Bedros xxi Minassian, la célébration de l'anniversaire de son ordination, samedi 24 juin, en l'église San Gregorio Armeno de Naples, a été un moment de grande émotion mais aussi de ré-flexion importante sur le destin des Arméniens et sur la nécessité de diffuser le message de fraternité dont le monde a besoin. Une date, celle du 24 juin, qui prend d'autant plus de sens qu'il y a sept ans, ce même jour, le Pape François se rendait en pèlerinage sur la terre de Hayk, en Arménie, le «premier pays chrétien», sur les pentes du mont Ararat, où reposait l'arche de Noé et d'où la vie reprit son cours après le déluge universel.

Depuis la célèbre église de la ville de Naples qui abrite les reliques de saint Grégoire — à l'origine de la conversion au christianisme du peuple arménien, premier peuple d'ailleurs à avoir adopté la foi chrétienne comme foi d'Etat — le patriarche a retracé les étapes de sa vocation, marquée par 33 années «vécues dans la guerre», comme il le rappelle lui-même, passées d'abord comme prêtre, puis comme évêque d'Arménie et d'Europe de l'Est et maintenant comme patriarche. «Ici en Europe, a-t-il déclaré, tous les regards sont tournés vers la guerre en Ukraine, à juste titre. Mais il y a tant d'autres guerres et de misères dont on ne parle pas».

Mgr Minassian a ensuite évoqué les difficultés que connaît encore le Liban, où est basé le patriarcat arménien catholique, un pays frappé d'abord par une guerre civile de plusieurs décennies, puis par une crise économique et politique qui a réduit la population à la famine. «Tout manque au Liban aujourd'hui. J'ose dire que même l'espoir manque», a déclaré le patriarche, invitant les personnes présentes à la célébration à ne pas oublier leurs frères dans le Christ, non seulement au Liban, mais «dans tout le Proche-Orient, d'où le message de l'Evangile a été diffusé».

Raphaël Bedros xxi a ensuite abordé le sujet qui lui tient à cœur depuis toujours, le sort des Arméniens du Haut-Karabakh, «cette bande de terre habitée depuis toujours par les Arméniens et entourée par le territoire azerbaïdjanais». Mgr Minassian a ensuite dénoncé comment «120.000 êtres humains sont isolés du monde depuis plus de 190 jours, après que les autorités azerbaïdjanaises ont décidé de bloquer la seule route reliant la région à l'Arménie et au reste du monde. 120.000 personnes, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants, à qui l'on refuse la dignité de la vie». Une violation dramatique qui se déroule dans le «silence total» des médias, des autorités internationales et de ceux qui aujourd'hui «veulent faire prévaloir le conflit sur les valeurs», ces mêmes valeurs dont on parle tant aujourd'hui mais qui ne sont guère mises en pratique, comme «le respect, la liberté, la dignité, l'égalité, la fraternité». Au nom de ces valeurs, a conclu le patriarche des Arméniens catholiques de Cilicie, «je suis venu ici en pèlerin, en ce lieu sacré, pour demander avec vous l'intercession de saint Grégoire et des saints patrons de cette belle et grande ville, afin qu'ils nous aident tous à diffuser ensemble ce message de fraternité dont notre monde a besoin» (robert attarian).