· Cité du Vatican ·

Audience générale du 28 juin
Le Pape poursuit ses réflexions sur le zèle apostolique et parle de la religieuse australienne Mary Mac Killop

Les pauvres et les marginalisés sont les protagonistes sur la voie de la sainteté

 Les pauvres et les marginalisés sont les protagonistes sur la voie de la sainteté  FRA-026
28 juin 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui nous devons avoir un peu de patience avec cette chaleur! Merci d’être venus avec cette chaleur, avec ce soleil, merci beaucoup pour votre visite!

Dans cette série de catéchèses sur le zèle apostolique, nous allons à la rencontre de certaines figures exemplaires d’hommes et de femmes de tous temps et lieux, qui ont donné leur vie pour l’Evangile. Aujourd’hui, nous allons loin, en Océanie, un continent composé de nombreuses îles, grandes et petites. La foi au Christ, que tant d’émigrés européens ont apportée sur ces terres, s’est rapidement enracinée et a porté des fruits abondants (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Oceania, n. 6). Parmi eux se trouve une religieuse extraordinaire, sainte Mary MacKillop (1842-1909), fondatrice des Sœurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, qui a consacré sa vie à la formation intellectuelle et religieuse des pauvres dans les régions rurales d’Australie.

Mary MacKillop naît près de Melbourne de parents écossais émigrés en Australie. Jeune fille, elle se sentit appelée par Dieu à le servir et à témoigner de lui, non seulement par des mots, mais surtout par une vie transformée par la présence de Dieu (cf. Evangelii gaudium, n. 259). Comme Marie Madeleine, qui, en premier rencontra Jésus ressuscité et fut en-voyée par Lui pour porter l’annonce aux disciples, Mary était convaincue qu’elle aussi était envoyée pour répandre la Bonne Nouvelle et attirer d’autres personnes à la rencontre du Dieu vivant.

En lisant avec sagesse les signes des temps, elle comprit que le meilleur moyen d’y parvenir était à travers l’éducation des jeunes, considérant que l’éducation catholique est une forme d’évangélisation. C’est une grande forme d’évangélisation. Ainsi, si l’on peut dire que «chaque saint est une mission; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Evangile» (Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, n. 19), Mary MacKillop l’a été surtout à travers la fondation d’écoles.

Une caractéristique essentielle de son zèle pour l’Evangile était son souci des personnes pauvres et marginalisées. Et cela est très important: sur la voie de la sainteté qu’est la voie chrétienne, les pauvres et les marginalisés sont protagonistes et une personne ne peut aller de l’avant dans la sainteté si elle ne se consacre pas aussi à eux, d’une façon ou d’une autre. Ces derniers, qui ont besoin de l’aide du Seigneur, portent la présence du Seigneur. J’ai lu un jour une phrase qui m’a frappé; elle disait: «Le protagoniste de l’histoire est le mendiant: les mendiants sont ceux qui attirent l’attention sur l’injustice, qui est la grande pauvreté du monde»; on dépense de l’argent pour fabriquer des armes mais pas pour produire des repas... Et n’oublions pas: il n’y a pas de sainteté si, d’une façon ou d’une autre, il n’y a pas d’attention à l’égard des pauvres, des personnes dans le besoin, de ceux qui sont un peu en marge de la société. Prendre soin des pauvres et des marginalisés poussait Mary à aller là où d’autres ne voulaient pas ou ne pouvaient pas aller. Le 19 mars 1866, jour de la fête de Saint Joseph, elle ouvrit la première école dans une petite banlieue dans le sud de l’Australie. De nombreuses autres suivirent, qu’elle et ses sœurs fondèrent dans les communautés rurales d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Elles se multiplièrent, parce que c’est ce que fait le zèle apostolique: il multiplie les œuvres.

Mary MacKillop était convaincue que le but de l’éducation est le développement intégral de la personne, à la fois comme individu et comme membre de la communauté, et que cela exige sagesse, patience et charité de la part de chaque enseignant. En effet, l’éducation ne consiste pas à remplir la tête d’idées: non, ce n’est pas seulement cela. En quoi consiste l’éducation? A accompagner et à encourager les étudiants sur le chemin de la croissance humaine et spirituelle, en leur montrant comment l’amitié avec Jésus ressuscité élargit le cœur et rend la vie plus humaine. Eduquer signifie aider à bien penser: à bien sentir — le langage du cœur — et à bien faire — le langage des mains. Cette vision est pleinement d’actualité aujourd’hui, où nous ressentons le besoin d’un «pacte éducatif» capable d’unir les familles, les écoles et la société dans son ensemble.

Le zèle de Mary MacKillop pour la diffusion de l’Evangile parmi les pauvres l’a également conduite à entreprendre plusieurs autres œuvres caritatives, à commencer par la «Maison de la Providence» ouverte à Adélaïde pour accueillir les personnes âgées et les enfants abandonnés. Mary avait une grande foi en la Providence de Dieu: elle était toujours convaincue que, dans toutes les situations, Dieu pourvoyait. Mais cela ne lui épargnait pas les angoisses et les difficultés liées à son apostolat, et Mary avait de bonnes raisons pour cela: il fallait payer les factures, traiter avec les évêques et les prêtres locaux, gérer les écoles et veiller à la formation professionnelle et spirituelle de ses sœurs; et, plus tard, les problèmes de santé. Cependant, malgré tout, elle est restée calme, portant avec patience la croix qui fait partie intégrante de la mission.

Un jour, en la fête de l’Exaltation de la Croix, Marie a dit à l’une de ses sœurs: «Ma fille, depuis de nombreuses années, j’ai appris à aimer la Croix». Elle n’a pas baissé les bras dans les moments d’épreuve et -d’obscurité, lorsque sa joie était assombrie par l’opposition et le rejet. Voyez: tous les saints ont rencontré des oppositions, même au sein de l’Eglise. Cela est curieux. Elle aussi en a rencontrées. Elle restait convaincue que même lorsque le Seigneur lui donnait «le pain de l’affliction et l’eau de la tribulation» (Is 30, 20), ce même Seigneur répondrait bientôt à son cri et l’entourerait de sa grâce. Cela était le secret de son zèle apostolique: le rapport constant avec le Seigneur.

Frères et sœurs, que la vie de disciple missionnaire de sainte Mary MacKillop, sa réponse créative aux besoins de l’Eglise de son temps, son engagement dans la formation intégrale des jeunes nous inspirent tous aujourd’hui, nous qui sommes appelés à être ferment de l’Evangile dans nos sociétés en mutation rapide. Que son exemple et son intercession soutiennent le travail quotidien des parents, des enseignants, des catéchistes et de tous les éducateurs, pour le bien des jeunes et pour un avenir plus humain et plein d’espoir.

A l’issue de l’audience générale, le Pape a prononcé les paroles suivantes en saluant les divers groupes de pèlerins:

Demain, nous célébrerons la solennité des saints Pierre et Paul: que l’exemple et la protection de ces deux apôtres soutiennent chacun de nous dans la suite du Christ. Confions à leur intercession la chère population ukrainienne, afin qu’elle obtienne au plus tôt la paix: on souffre beaucoup en Ukraine, ne l’oublions pas.

Le Saint-Père a adressé le salut suivant aux pèlerins francophones:

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur la grâce d’œuvrer par toute notre vie, à la manière de sainte Mary MacKillop, au développement humain de chacun, en particulier des plus fragiles, afin de bâtir une société plus juste et fraternelle. Que Dieu vous bénisse.