L’Evangile de ce dimanche nous interroge sur nos peurs. La religion a souvent instrumentalisé la peur de l’enfer pour maintenir son pouvoir. Mais Jésus ne nous invite pas à craindre la géhenne mais celui qui peut faire périr dans la géhenne. Et la première invitation est: «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps». Il n’est pas indifférent qu’elle vienne d’abord et on entendra certainement de travers «craignez plutôt», si on n’a pas bien entendu «ne craignez pas».
Beaucoup vivent aujourd’hui, dans leur entreprise ou l’administration, un conflit entre ce qu’on attend d’eux et ce que leur dicte leur conscience, dont le Concile Vatican ii dit qu’elle est «le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre». Peur de perdre sa place, son avancement, de subir des représailles… La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Soumise à la banalisation de ce qui la heurte, la conscience peut être anesthésiée, ne plus réagir face à ce que Jean-Paul ii appelait les «structures de péché».
Nous pouvons alors entendre autrement «craignez plutôt», car le lien est étroit entre les deux. Plus nous craindrons de perdre ce qui est périssable, plus nous risquerons d’y perdre notre âme.
Le texte de Paul aux Romains tourne notre regard vers le Christ. Ce n’est pas la faute d’Adam l’objet de son propos, mais la grâce sans commune mesure donnée dans le Christ: «là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » écrit-il plus loin. Cette grâce qui nous sauve nous rend libres de suivre notre conscience face au pouvoir et à l’argent, quoi qu’il puisse nous en coûter.
La confiance à laquelle nous sommes invités n’est pas une pensée magique. Nos cheveux sont tous comptés, cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas tomber mais que nous avons du prix aux yeux du Père, le prix de la liberté à laquelle il nous a appelés, le prix de cette part de Lui au fond de nous sur laquelle nous pouvons fonder nos choix et l’audace de résister.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Etre chrétien en cette Cité impie
En chrétien, je dépasse mes peurs, suis,
grâce à Dieu, courageux;
je refuse d’être intimidé quand bien même
je reste fragile;
notre Cité impie cherche à me faire taire,
à me mettre hors-jeu;
je te propose, chaque jour, les valeurs de Vie des Evangiles.
Dieu, notre Cité impie et moi
Je résiste, en Christ, à notre Cité impie,
à ses paroles,
et refuse ses lois, ses mœurs de mort
niant Dieu et l’humain,
ses valeurs de Vie chrétienne;
la Cité a des idoles
basées sur l’ego, l’argent roi,
une négation d’un demain.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 25 juin, xii e du Temps ordinaire
Première lecture: Jr 20, 10-13;
Psaume: 68
Deuxième lecture: Rm 5, 12-15;
Evangile: Mt 10, 26-33.
Bruno Lachnitt*