· Cité du Vatican ·

Le cardinal Tagle envoyé spécial du Pape en République démocratique du Congo pour le iii e Congrès eucharistique

Apprenons des Africains la joie de la foi

 Apprenons des Africains  la joie de la foi  FRA-025
22 juin 2023

Un voyage au cœur de l’Afrique pour témoigner de la proximité de l’Eglise avec les personnes qui souffrent. C’est dans cet esprit que s’est déroulé, au cours des derniers jours, le voyage du cardinal Luis Antonio Tagle en République démocratique du Congo, comme envoyé spécial du Pape au iiie congrès eucharistique national, qui s’est déroulé à Lubumbashi dans le sud du pays. Le pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation a en outre visité Goma, le chef-lieu de la région du Nord-Kivu, où la population souffre depuis des années à cause de la violence et des conflits armés entre les forces du gouvernement et les milices du groupe M23. Dans cet entretien avec les médias vaticans, le cardinal philippin s’arrête sur la force du témoignage des chrétiens congolais et sur leur lien particulier avec le Pape François.

Cardinal Tagle, vous venez de rentrer d’une visite en République démocratique du Congo, où vous avez participé au Congrès eucharistique national comme envoyé spécial du Pape François. Qu’est-ce qui vous a le plus frappé chez le peuple congolais et l’Eglise qui est au Congo?

Nous avons beaucoup à apprendre du peuple congolais et des catholiques au Congo. Avant tout, on voit la joie en eux. Une joie qui est mystérieuse, parce que nous savons que c’est un peuple qui souffre. Quel est donc le secret de cette joie? La foi et l’espérance qu’il a dans le Seigneur, qui est précisément ce qui est au centre de l’Eucharistie! Il s’est donc agi d’une célébration qui a également été un témoignage au monde entier de la façon dont la foi, en présence du Seigneur, peut transformer la souffrance en une explosion de joie.

Le Pape François s’est rendu en République démocratique du Congo au début de cette année. Y a-t-il déjà des fruits visibles de ce -voyage?

Je dirais que oui! Au-delà du souvenir, du souvenir profond de la visite du Pape imprimé dans l’esprit et le cœur des gens, il y a également une adhésion à son message. En effet, de nombreuses personnes, et notamment les agents de la pastorale sociale, ont dit que les paroles du Saint-Père ont été pour eux une source d’espérance et que, si on les étudie avec attention, elles pourraient offrir une voie vers la réconciliation et la paix. C’est une chose que j’ai moi aussi encouragée. Quand j’ai rencontré le clergé, les religieux, je leur ai dit: «S’il vous plaît, ne permettons pas que la visite du Saint-Père ne soit qu’un souvenir. Non! Faites en sorte qu’elle soit trans-formée en un programme pastoral et missionnaire».

Vous avez également visité Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, la région de la République démocratique du Congo la plus touchée par la violence et les combats. Vous avez apporté la proximité du Pape, qui n’a pas eu la possibilité de visiter Goma. Quelle a été la réaction de la population locale lors de votre visite?

J’ai été stupéfait, véritablement stupéfait, et j’ai pensé: «Si le Saint-Père était là, il serait certainement très réconforté et encouragé dans son ministère de Pape». Les gens vivent une situation de grand désespoir et d’indigence, comme dans tout autre camp de réfugiés. Mais certains ressentent également cet ardent désir de paix, et espérons que toutes les personnes touchées par le conflit — qu’il soit local ou international, politique, militaire ou économique — regardent ces gens dans les yeux et voient les conséquences de leurs choix. Ce ne sont pas des chiffres, mais des êtres humains; et en tant qu’êtres humains, ils ont manifesté leur fidélité au Saint-Père. Par ailleurs, le Pape a concrétisé un projet grâce auquel les personnes peuvent avoir de l’eau propre, potable, et donc... oui, c’est une nécessité humaine, mais c’est aussi une nécessité très biblique! L’eau est le signe de la vie, le signe de l’Esprit Saint; et chaque fois que les personnes vont y puiser de l’eau, je suis certain qu’elles prient pour le Saint-Père.

En tant que pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation, quelle est, selon vous, la contribution d’une Eglise comme celle qui est au Congo et plus généralement, en Afrique, à toute l’Eglise, en pensant également au synode sur la synodalité?

L’Eglise au Congo — et sans doute pourrions-nous dire également dans toute l’Afrique — est une Eglise dynamique. Dans certaines parties du continent, il y a beaucoup de jeunes. Au Congo, l’Eglise est pleine d’énergie de jeunes! Il y a des jeunes: ils prient, ils chantent, ils expriment la prière au Seigneur également à travers le mouvement. J’espère que cela portera cette énergie au synode et à toute l’Eglise, concentrée à présent sur la synodalité. Qu’elle insuffle cette énergie au reste du monde. Mais dans le même temps, dans un esprit de synodalité, j’espère que la communauté internationale — à partir des Eglises locales en dehors du Congo — écoutera le cri des pauvres. Les regarder et les considérer comme des frères et sœurs qui sont liés à nous, fait partie de la synodalité, de même que comprendre que nos comportements, nos choix, nos actions, partout où nous nous trouvons, ont un impact sur eux. J’espère que cela fera partie du processus synodal. (alessandro gisotti)

Alessandro Gisotti