Comprendre l’appel
L’injonction à ne pas prendre «le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entre[r] dans aucune ville des Samaritains», peut nous choquer. Retenons l’invitation à «aller vers les brebis perdues», même si la sollicitude de Jésus semble circonscrite à la maison d’Israël et la conscience de l’universalité de sa mission avoir été provoquée par des rencontres comme la syro-phénicienne en Marc 7 ou le centurion romain en Matthieu 8, 10 dont la foi, qu’il n’a «jamais trouvée chez personne en Israël», suscite son admiration. Ici la compassion devant les foules «désemparées et abattues comme des brebis sans berger» détermine les priorités et l’urgence d’en prendre soin. C’est pour cela qu’il faut prier le maître de la moisson d’appeler des ouvriers: soulager, apaiser, libérer, guérir. Les autres lectures nous disent que c’est premier. Le Seigneur «nous a faits, et nous sommes à lui» (Ps 99) mais le salut qu’il nous donne nous en fait prendre conscience: «vous avez vu…, comment je vous ai… amenés jusqu’à moi» (Exode 19, 4), «le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions» (Romains 5, 6). Cette réalité ne sera ni intellectuelle ni abstraite si nous relisons dans nos vies l’action de Dieu qui sauve, y discernant «la preuve que Dieu nous aime» et des signes que «sa fidélité demeure d’âge en âge». Nous comprendrons l’appel à la sainteté, non pas comme une exigence extérieure impossible mais l’invitation à vivre de la grâce reçue. «Soyez saints car je suis saint», ce n’est pas l’invitation à se prendre pour Dieu mais à vivre de lui. Alors nous partagerons la compassion du Seigneur pour ceux qui sont perdus et entendrons l’appel du maître de la moisson. Chez le prophète Osée elle évoque une promesse: «Je changerai le sort de mon peuple» ou l’espérance que «le Seigneur… vienne répandre sur [n]ous une pluie de justice». Y prendre part, c’est partager la sollicitude du Christ envers celles et ceux qui sont désemparés.
Bruno Lachnitt
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu, Sa Vérité et mes actes
Je veux atteindre le vrai dépouillement, être pauvre en esprit;
j’accueille l’Action de Dieu, Sa Vérité; en mon être, Elle prie;
Elle est au cœur de mon âme, La remplit d’humanité;
je La laisse prendre chair en mes actes; j’œuvre pour la fraternité.
Jésus, mes frères et moi
Je rencontre des brebis égarées, brisées, sur elles j’écris;
mon vrai Je, un peu de la Présence discrète de Jésus Christ,
prie, afin d’œuvrer, d’écouter ces frères blessés, en errance;
je tâche d’être une aide, un baume pour adoucir leur existence.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 18 juin, xie du Temps ordinaire
Première lecture: Ex 19, 2-6;
Psaume: 99
Deuxième lecture: Rm 5, 6-11;
Evangile: Mt 9, 36 - 10, 8.