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Clôture de la rencontre sur «les villes éco-éducatives» promue par Scholas Occurrentes

Pour une éducation respectueuse de l’authenticité de chacun

 Pour une éducation respectueuse   de l’authenticité de chacun  FRA-022
01 juin 2023

La possibilité d'un voyage en Argentine. La condamnation du harcèlement scolaire, l'invitation à respecter chaque personne «telle qu'elle est», dans son «authenticité», le danger de la «demi-éducation» de beaucoup d'enfants qui ne finissent pas l'école, de la pornographie et la «commercialisation de l'amour» dont sont victimes surtout les adolescents.

Le Pape François a balayé un large spectre de questions de jeunes d'Amérique latine, des Etats-Unis, d'Europe et de l'Amazonie colombienne, jeudi 25 mai, tous membres du réseau Scholas Occurrentes, organisation créée en 2001 en Argentine comme réponse culturelle à la crise politique, économique et sociale du pays et qui s'est ensuite répandue dans le monde entier, en particulier dans les régions les plus pauvres, grâce à la contribution de l'archevêque de Buenos Aires de l'époque, Mgr Jorge Mario Bergoglio.

Scholas est devenue entre-temps une fondation pontificale, et a célébré ses dix ans lors d’un congrès à Rome sur les «villes éco-éducatives» avec 50 maires d'Amérique latine et d'Europe. L'événement s'est achevé le 25 mai, par une réunion à l'Institut Augustinianum de Rome, en présence du Pape qui, comme toujours pour les événements Scholas, prend part aux dialogues, à des intermèdes musicaux et choraux, aux salutations et échanges de cadeaux.

En présence de maires, d’ambassadeurs, d’artistes, de sportifs, de personnalités influentes, d’entrepreneurs et «amis» de Scholas, le Pape a évoqué la nécessité d'un Pacte éducatif, qu'il réclame depuis long-temps dans tous les pays pour les nouvelles générations: «Combien de jeunes aujourd'hui n'ont pas la possibilité de recevoir une éducation complète. L'éducation des jeunes est un devoir des parents et de la société tout entière. Les enfants qui ne terminent pas leur scolarité sont un poids pour les sociétés», a lancé l’Evêque de Rome, développant ensuite, et en particulier, le manque «d’éducation sexuelle» conduisant à la «commercialisation de l’amour». Le Pape a visé la pornographie, «une personne qui aime, n'aime pas être utilisée de la sorte».

Puis, une jeune fille a demandé au Pape ce qu'il faut faire pour surmonter la crise dans son pays; d'autres ont posé des questions sur l'homophobie, le racisme, le harcèlement scolaire. «Chaque homme, chaque femme, chaque garçon, chaque fille a le devoir d'être authentique et le droit d'être respecté», a précisé François, détaillant comment le terme «authenticité» est trop souvent usité sans être compris.

Le Pape a élargi son regard aux crises du monde et, comme dans les moments les plus durs de la pandémie, il a répété: «Il faut identifier la crise et l'accompagner pour en sortir. Nous sortons d'une crise, à deux conditions: ne pas être seul, et en ayant changé, en meilleur ou en pire».

Parmi les nombreux cadeaux offerts — de l'enfant Jésus en céramique aux livres, des t-shirts aux peintures, en passant par des paniers remplis de produits artisanaux — le Pape a également reçu un maillot de Diego Maradona du club de foot SSC Naples qui a récemment fêté sa victoire en championnat italien. Il a été remis par le président du club, Aurelio De Laurentiis, «vous êtes le numéro 10 de l'Eglise, le grand remplaçant de Maradona», lui a lancé l’entrepreneur napolitain, tendant un autre cadeau, une petite reproduction d'un pied en or souvenir du pied de Maradona. «Je vous le donne pour que vous puissiez combattre toutes les injustices du monde, parce que vous êtes toujours présent dans ce combat».

Le Pape a parlé de rêves, en se concentrant sur le thème qui lui est cher des personnes âgées, «los abuelos», les grands-parents: «J'ai eu la grâce d'avoir mes grands-parents en vie jusqu'à ce que je rentre dans un âge mûr, mon premier grand-père est décédé alors que j’avais 16 ans. L'autre lorsque j’étais déjà évêque... Nous sommes des migrants et mes grands-parents paternels vivaient à quelques mètres de la maison. Je passais du temps avec mes grands-parents à écouter leur langue, à apprendre. C'est avec eux que j'ai eu les dialogues les plus profonds. Enfant, j'écoutais, c'est là que j'ai appris les valeurs».

A 86 ans, le Pape n'oublie pas ces moments. Personne ne devrait les oublier: «Il y a toujours le sentiment de devoir revenir aux racines», dit-il. «Une société est ruinée lorsque l'union entre la racine et le tronc se brise, lorsqu'elle se dessèche. Si nous ne tirons pas la sève de là, des racines, nous nous desséchons». Les paroles du prophète Joël, chapitre 2, verset 1, toujours citées lors des rencontres avec les jeunes au cours des différents voyages, reviennent: «Vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions». Ils ne peuvent le faire que s'ils sont liés les uns aux autres; les jeunes, en particulier, «ne peuvent pas rêver sans racines, sinon ils rêveront avec le premier colporteur de la rue», prévient le Pape. «Ne laissez pas les personnes âgées seules», est un appel pour toutes les personnes âgées qui «n'ont pas le droit de mourir dans l'isolement...». Le Pape se souvient qu'en tant qu'évêque, il visitait des maisons de retraite et que les infirmières parlaient de «vieux» laissés seuls pendant des mois par leurs proches. «La relation entre les personnes âgées et les jeunes est naturelle. Une société qui ne prend pas soin de cette relation devient idéologisée, sectaire...», alerte encore François. «Certains secteurs de la société cachent les personnes âgées, alors qu'il faut apprendre de leur “sabiduría”, leur “sagesse”. Les personnes âgées doivent être gardées avec bienveillance, les personnes âgées ont de la sagesse à exprimer et à donner, il est nécessaire que les jeunes s’approchent d’elles», a-t-il ajouté. (Salvatore Cernuzio)