Avec les derniers,
en cherchant refuge
dans l'amour

Arundhati Roy, Le ministère du bonheur suprême, Guanda

J'ai beaucoup aimé « Le Dieu des petits riens » d'Arundhati Roy, Booker Prize en 1997, et il y a quelques mois j'ai reçu en cadeau cet autre de ses livres, datant de 2017. L'auteur, pendant les vingt ans qui séparent les deux livres, a été une figure dérangeante et controversée en Inde, mais il n'a jamais quitté New Delhi. Après les premières pages, j'ai compris qu'il s'agissait également d'un livre difficile, à aborder lentement, notamment parce que l'intrigue est complexe et compliquée et qu'elle nous emmène une fois de plus parmi les derniers. Nous sommes d'abord parmi les Hijras de Delhi, avec Anjum, qui pensait être un garçon, puis a découvert qu'elle pouvait aussi être une femme, et qui, après les affrontements antimusulmans de Guyarat en 2002, se réfugie dans un cimetière. Parmi les personnes qui la rencontrent, il y a le mystérieux Tilo qui nous conduira, en remontant le fil de son passé, au Cachemire et à la volonté d'indépendance du pays. L'histoire est captivante, on aimerait que le livre ne se termine jamais. Les personnages se retrouvent au centre de l'éternel défi entre le bien et le mal. Au milieu de tant de violence et de répression, il y a une place pour l'amour, pour l'attention à l'autre, pour les liens au-delà des barrières de l'ethnie, de la religion et du sexe, pour vraiment trouver ce bonheur suprême dont il est question dans le titre.