Le récit de Babel, prétention à construire jusqu’aux cieux, volonté de puissance déployée dans la négation de la différence, à laquelle la diversité des langues met un terme comme une bénédiction est dans la Messe de la veille de la Pentecôte. Le texte des Actes y fait écho dans la Messe du jour: la communion comme unité dans l’harmonie des différences, chacun rejoint et touché par la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans sa propre langue. Le livre des Actes parle d’un grand vent et de langues de feu; l’Evangile nous raconte une apparition du Christ ressuscité qui souffle sur les apôtres. Ce qui importe, c’est qu’il y a un avant et un après: avant ils sont repliés, dominés par la peur; après c’est l’audace de la rencontre, le courage d’aller au-devant de la différence. Espérons que pour nous aussi, il y ait un «avant» et un «après» de la rencontre de Jésus et de l’accueil de son Esprit.
Le souffle dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va, nous renvoie au mystère de Dieu, à une présence qui nous échappe, à laquelle il faut plutôt laisser prise qu’essayer de mettre la main sur elle. Et si nous ne connaissons pas l’Esprit de Dieu, nous en connaissons les fruits. Le souffle de vie qui planait sur les eaux dans le livre de la Genèse est le même qui gonfle nos voiles pour nous pousser à la rencontre de l’Autre, c’est le souffle créateur, Amour absolu dont tout procède qui nous permet d’accueillir la vie comme une promesse et nous interdit de voir l’autre comme une menace. Souffle de vie, amour originel qui transfigure nos histoires en aventure d’Alliance. Il nous revient de discerner ce qui en nous vient de l’Esprit de Dieu et nous pouvons en appeler la grâce dans nos vies, en cultiver le désir, en demander les fruits. C’est à ces fruits que nos communautés pourront être reconnues comme signe du Ressuscité, c’est à cette condition que nous ferons de l’Eglise un lieu de vérité et de liberté, de justice et de paix, pour que l’humanité entière renaisse à l’espérance.
Bruno Lachnitt
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Mon Fiat, ma paix et la Cité impie
Dès mon Fiat, j’ai ressenti une joie pascale, une joie vraie,
même en des moments d’adversité, de croissance de l’ivraie;
cette joie prend source en ma confiance dans le Ressuscité,
elle m’offre la paix de l’âme parmi les impies, notre belle Cité.
Jésus Christ, l’Esprit et moi
Le Ressuscité m’envoie en mission sur les chemins,
en temps heureux ou non; je rends mon entourage plus humain,
et veux te réconcilier avec Dieu et l’autre, sa douleur;
je suis empli du Souffle de l’Esprit, et de ses valeurs.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 28 mai, Pentecôte
Première lecture: Ac 2, 1-11
Psaume: 103
Deuxième lecture: 1 Co 12, 3b-7.12-13
Evangile: Jn 20, 19-23