«Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elles contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité». C’est ce qu’atteste l’un des principaux documents du concile Vatican ii, la constitution pastorale Gaudium et spes. Un passage qui fut reproposé le 13 juin 1992 par le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, au sommet de la terre, qui s’est tenu à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin. C’est lors de cette première rencontre mondiale de chefs d’Etat sur l’environnement que se fit jour l’institution de la Journée mondiale de l’eau.
En 2003, proclamée par les Nations unies «Année internationale de l’eau», le Saint-Siège participa — avec une délégation guidée par le sous-secrétaire du Conseil pontifical justice et paix de l’époque, Mgr Frank Dewane — à Kyoto, au Japon, à la troisième édition du Forum mondial de l’eau (rendez-vous triennal lancé en 1997). Il présenta le document L’eau, un élément essentiel pour la vie dans lequel celle-ci est évoquée comme un facteur commun aux trois piliers — social, économique et environnemental — du développement durable.
Dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, réalisé en 2004 par le même Conseil pontifical, on lit: «L'eau, de par sa nature même, ne peut pas être traitée comme une simple marchandise parmi tant d'autres et son usage doit être rationnel et solidaire... Le droit à l'eau, comme tous les droits de l'homme, se base sur la dignité humaine et non pas sur des évaluations de type purement quantitatif, qui ne considèrent l'eau que comme un bien économique. Sans eau, la vie est menacée. Le droit à l'eau est donc un droit universel et inaliénable».
A l’occasion du ive Forum à Mexico, en 2006, le Saint-Siège mit à jour le document présenté à Kyoto en plaçant l’accent sur la gestion de cette ressource précieuse afin d’en permettre l’accès à tous, surtout aux personnes vivant dans des conditions de pauvreté, et en souhaitant la promotion de la culture de l’eau. Trois ans plus tard, à Istanbul, fut ajouté au document le sous-titre Un thème devenu maintenant plus urgent, contenant une forte sollicitation à la communauté internationale à partir du constat que, d’après les statistiques, les objectifs de développement du millénaire concernant les ressources hydriques n’auraient pas été atteints avant 2015.
Marseille accueillit en 2012 le vie Forum de l’eau, le premier après la résolutions des Nations unies du 28 juillet 2010 qui reconnut l’eau comme «un droit humain universel et fondamental». Cette fois, le Saint-Siège se concentra sur la nécessité de Mettre en place des solutions efficaces, en soumettant certaines propositions parmi lesquelles celle d’une gouvernance internationale. En répétant ce qui avait déjà été exprimé en juin 2009 par Benoît xvi avec l’encyclique Caritas in veritate à propos du manque d’institutions économiques en mesure de «garantir un accès régulier et adapté à la nourriture et à l’eau», le Saint-Siège invoqua des choix politiques courageux, clairvoyants et un plus grand engagement de la société civile en vue de «la nécessité morale urgente d'une nouvelle solidarité à propos des ressources naturelles», en particulier de l’eau, également afin de prévenir des situations de rivalité et de conflits entre les peuples.
Un an plus tard, le 24 mai 2013, Mgr Francis Chullikatt, observateur permanent auprès des Nations unies, définit de «lents et hésitants» les efforts des gouvernements et des organisateurs internationaux en vue de réaffirmer comme «droit humain fondamental l’accès à l’eau propre et aux services hygiéniques et sanitaires».
En 2015, le Pape François, dans l’encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune, a répété que «l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel».
Fabrizio Peloni