Après une prière pour les victimes du tremblement de terre qui a frappé la Syrie et la Turquie, le père Khalid Alwan, secrétaire général du Conseil des patriarches catholiques d’Orient et coordinateur général de l’assemblée synodale a ouvert au Liban, à l’hôtel Bethania-Harissa, les travaux de l’assemblée continentale pour le Moyen-Orient, en rappelant ce qu’il a défini de feuille de route synodale: la lettre de 1992 dans laquelle les patriarches catholiques d’Orient parlaient de la présence chrétienne en Orient comme témoignage et message, incarnés dans le patrimoine arabe, au service de l’homme sans distinction ni discrimination. Une présence chrétienne fondée sur l’esprit œcuménique et le dialogue interreligieux pour une coopération commune.
Jusqu’au 18 février, sept Eglises catholiques se réunissent: coptes, syriaques, maronites, melkites, chaldéens, arméniens et latins, venus de Terre Sainte, de Jordanie, du Liban, de Syrie, d’Egypte, d’Irak et d’Arménie, pour écouter «ce que l’Esprit dit aux Eglises», pour prier et réfléchir ensemble sur des préoccupations communes et partager des aspirations futures avec une espérance qui ne déçoit pas. «Nous sommes unis par les conditions de nos pays, où nous manquons tous souvent de liberté de croyance, de liberté d’expression, de liberté pour les femmes et les enfants. Nous essayons tous — a-t-on dit — selon nos énergies, de lutter contre la corruption dans la politique et l’économie. Nous cherchons tous à pratiquer la transparence dans nos institutions religieuses et sociales, et nous souhaitons pratiquer une citoyenneté responsable et lutter contre la pauvreté et l’ignorance. Nous souffrons tous de l’émigration de nos enfants, dont l’horizon d’une vie digne s’est rétréci. Cependant, nous, enfants de l’Eglise, ne sommes pas seulement unis par les soucis et les difficultés de la vie, mais nous sommes aussi unis par un seul baptême, une seule foi, un seul amour et une seule espérance».
Le Père Alwan a souligné la diversité des expressions liturgiques des Eglises d’Orient, mais aussi l’originalité de leur spiritualité et de leurs horizons théologiques, la force de leur témoignage à travers les siècles, et souvent jusqu’au martyre. Il a parlé de la diversité dans l’Eglise comme d’un élément qui a toujours été une source d’enrichissement au niveau universel. «Malheureusement», a-t-il expliqué, «elle s’est transformée en division à cause des péchés des hommes et de leur éloignement de l’Esprit du Christ. Toutefois, ce qui nous unit est plus important que ce qui nous sépare, et ne nous empêche pas de nous rencontrer et de collaborer. L’appel, le témoignage, et le destin sont un». C’est pourquoi, a poursuivi le père Khalid, «nous sommes appelés à travailler ensemble, de diverses manières, pour con-solider les racines des croyants qui nous sont confiés, dans un esprit de fraternité et d’amour, dans les différents domaines où le bien commun de tous les chrétiens nous pousse». En Orient, soit nous sommes chrétiens ensemble, soit nous ne le sommes pas, a-t-il souligné, en précisant que si les relations entre les Eglises d’Orient n’ont pas toujours été bonnes pour de nombreuses raisons, internes et externes, le moment est venu de «purifier la mémoire chrétienne des dépôts négatifs du passé».
Le cardinal Jean-Claude Hollerich, coordinateur de la seizième assemblée générale du synode des évêques, s’est dit honoré d’être présent au Moyen-Orient, où «la synodalité possède une longue tradition». «Je souhaite en faire l’expérience et l’apprendre de vous», a-t-il ajouté, soulignant également que «marcher ensemble» est un concept facile à exprimer en mots, mais difficile à mettre en pratique.
Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, a réaffirmé, comme il l’avait déjà fait lors de l’assemblée européenne de Prague, que la pratique du Synode n’oppose jamais les évêques et le peuple de Dieu, mais les maintient dans une relation constante, permettant à chacun de remplir sa fonction. «L’Eglise synodale est une Eglise de l’écoute», a-t-il déclaré, précisant que cela ne peut et ne doit pas être réduit à une phrase rhétorique. «Je suis certain, a-t-il affirmé, qu’à travers ce chemin, il sera possible de faire des progrès également dans le dialogue œcuménique.
Le cardinal Bechara Boutros Raï est ensuite intervenu en rappelant le texte guidant les travaux jusqu’à présent, le document de la phase continentale, qui est le résultat de la première phase consultative au niveau local. Le patriarche maronite a poursuivi en soulignant les deux thèmes fondamentaux du chemin synodal: comment se réalise aujourd’hui, au niveau local et mondial, ce «marcher ensemble» qui permet à l’Eglise d’annoncer l’Evangile selon le message qui lui a été donné? Et quelles autres pas l’Esprit Saint nous incite-t-il à faire pour grandir en tant qu’Eglise synodale? Il ne s’agit pas d’une question purement académique, mais il s’agit de se laisser inspirer par la prière, et l’écoute réciproque, pour définir les priorités qui seront étudiées lors de la prochaine assemblée générale.
Jean-Pierre Yammine