Audience générale du 21 décembre
Dans la Parole de Dieu
Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue!
Nous poursuivons — elles sont en train de finir — les catéchèses sur le discernement, et ceux qui ont suivi ces catéchèses jusqu'ici pourraient peut-être se dire: mais quelle pratique compliquée que le discernement! En réalité, c'est la vie qui est compliquée et, si nous n'apprenons pas à la lire, dans toute sa complexité, nous risquons de la gaspiller, de la vivre avec des expédients qui finissent par nous démoraliser.
Lors de notre première rencontre, nous avions constaté que, chaque jour, que nous le voulions ou non, nous accomplissons toujours des actes de discernement, dans ce que nous mangeons, dans ce que nous lisons, au travail, dans nos relations, dans tout. La vie nous place toujours face à des choix, et si nous ne les faisons pas consciemment, à la fin, c'est la vie qui choisit pour nous, en nous emmenant là où nous ne voulons pas aller.
Le discernement, cependant, ne se fait pas seul. Aujourd'hui, nous nous penchons plus spécifiquement sur quelques aides qui peuvent faciliter cet exercice du discernement, indispensable de la vie spirituelle, même si nous les avons déjà rencontrées dans une certaine mesure au cours de ces catéchèses. Mais une synthèse nous aidera beaucoup.
Une première aide indispensable est la comparaison avec la Parole de Dieu et la doctrine de l'Eglise. Elles nous aident à lire ce qui se passe dans nos cœurs, en apprenant à reconnaître la voix de Dieu et à la distinguer des autres voix, qui semblent s'imposer à notre attention, mais qui à la fin, nous laissent confus. La Bible nous avertit que la voix de Dieu retentit dans le calme, dans l'attention, dans le silence. Pensons à l'expérience du prophète Elie: le Seigneur lui parle non pas dans le vent qui fend les pierres, ni dans le feu ou le tremblement de terre, mais il lui parle dans une brise légère (cf. 1 Rois 19, 11-12). C'est une très belle image qui nous fait comprendre comment parle Dieu. La voix de Dieu ne s'impose pas, la voix de Dieu est discrète, respectueuse, je me permettrais de dire: la voix de Dieu est humble, et, précisément pour cette raison, apaisante. Et c'est seulement dans la paix que nous pouvons entrer au plus profond de nous-mêmes et reconnaître les désirs authentiques que le Seigneur a placés dans nos cœurs. Et tant de fois, il n’est pas facile d’entrer dans cette paix du cœur, parce que nous sommes pris par tant de choses toute la journée... Mais s’il vous plaît, calmons-nous un peu, entrons dans nous-même. Deux minutes, arrêtons-nous. Regardons ce que ressent notre cœur. Faisons cela, frères et sœurs, cela nous aidera tant, parce qu’en ce moment de calme, nous sentons immédiatement la voix de Dieu qui nous dit: «Mais regarde, regarde cela, ce que tu es en train de faire est bon...». Laissons venir la voix de Dieu dans le calme. Il nous attend pour cela.
Pour le croyant, la Parole de Dieu n'est pas seulement un texte à lire, la Parole de Dieu est une présence vivante, est une œuvre de l'Esprit Saint qui réconforte, instruit, porte la lumière, la force, la fraîcheur et la joie de vivre. Lire la Bible, lire un passage, un ou deux petits passages de la Bible, sont comme des petits télégrammes de Dieu qui arrivent droit au cœur. La Parole de Dieu est un peu — et je n’exagère pas — est un peu un véritable avant-goût du paradis. Et c'est ce qu'a bien compris un grand saint et pasteur, Ambroise, évêque de Milan, qui a écrit: «Quand je lis la divine Ecriture, Dieu retourne se promener dans le Paradis terrestre» (Lett., 49, 3). Avec la Bible, nous ouvrons la porte à Dieu qui se promène. Intéressant...
Cette relation affective avec la Bible, avec l'Ecriture, avec l’Evangile, conduit à vivre une relation affective avec le Seigneur Jésus: n’ayez pas peur de cela! Le cœur parle au cœur, et cela est une autre aide indispensable et non évidente. Souvent, nous pouvons avoir une idée déformée de Dieu, le voir comme un juge maussade, un juge sévère, prêt à nous prendre en défaut. Jésus, au contraire, nous révèle un Dieu plein de compassion et de tendresse, prêt à se sacrifier pour nous rencontrer, tout comme le père dans la parabole du fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32). Un jour, quelqu’un a demandé — je ne sais pas si c’est à sa mère ou à sa grand-mère, on me l’a raconté — «Mais que dois-je faire en ce moment?» - «Ecoute Dieu, Il te dira ce que tu devras faire. Ouvre ton cœur à Dieu»: un beau conseil. Je me souviens un jour, lors d’un pèlerinage de jeunes, qui a lieu une fois par an au sanctuaire de Luján, à 70 km de Buenos Aires: on marche toute la journée pour y arriver; j’avais l’habitude de confesser pendant la nuit. Un jeune homme d’environ 22 ans, couvert de tatouages, s’est approché. «Mon Dieu — ai-je pensé — qu’est-ce qu’il veut?». Et il m’a dit: «Vous savez, je suis venu parce que j’ai un problème grave et je l’ai raconté à ma mère et ma mère m’a dit: “Va voir la Vierge, fais le pèlerinage, et la Vierge te dira”. Et je suis venu. J’ai eu un contact avec la Bible, ici, j’ai écouté la Parole de Dieu et cela m’a touché le cœur et je dois faire cela, cela, cela, cela, cela». La Parole de Dieu touche le cœur et change la vie. Et ainsi, je l’ai vu tant de fois cela, tant de fois. Parce que Dieu ne veut pas nous détruire, Dieu veut que nous soyons plus forts, plus bons chaque jour. Celui qui reste devant le Crucifié ressent une paix nouvelle, apprend à ne pas avoir peur de Dieu, car Jésus sur la croix n'effraie personne, il est l'image de l'impuissance totale et en même temps de l'amour le plus complet, capable d'affronter pour nous toute épreuve. Les saints ont toujours eu une prédilection pour Jésus Crucifié. Le récit de la Passion de Jésus est la voie maîtresse pour affronter le mal sans se laisser submerger par lui: en elle il n'y a pas de jugement, ni même de résignation, parce qu'elle est traversée par une lumière plus grande, la lumière de Pâques, qui permet de voir dans ces terribles actes un dessein plus grand, qu'aucune entrave, aucun obstacle, aucun échec ne peut rendre vain. La Parole de Dieu te fait toujours regarder de l’autre côté: c’est-à-dire il y a la croix, ici, c’est triste, mais il y a une autre chose, une espérance, une résurrection. La Parole de Dieu t’ouvre toutes les portes parce que Lui, le Seigneur, est la porte. Prenons l’Evangile, prenons la Bible en main: cinq minutes par jour, pas plus. Emportez un Evangile de poche avec vous, dans votre sac, et quand vous serez en voyage prenez-le et lisez-le un peu, pendant la journée, un petit passage, laissez la Parole de Dieu s’approcher de votre cœur. Faites cela et vous verrez comme votre vie changera avec la proximité de la Parole de Dieu. «Oui, Père, mais je suis habitué à lire la Vie des saints»: cela fait du bien, cela fait du bien, mais ne négligez pas la Parole de Dieu. Prenez l’Evangile avec vous, et lisez-le ne serait-ce qu’une minute par jour.
Il est très beau de penser à la vie avec le Seigneur comme à une relation d'amitié qui grandit jour après jour. Avez-vous pensé à cela? C’est la voie! Pensons à Dieu qui nous aime, il veut que nous soyons des amis! L'amitié avec Dieu a la capacité de changer le cœur; c'est l'un des grands dons de l'Esprit Saint, la piété, qui nous permet de reconnaître la paternité de Dieu. Nous avons un Père tendre, un Père affectueux, un Père qui nous aime, qui nous a toujours aimés: quand on en fait l'expérience, le cœur fond et les doutes, les peurs, les sentiments d'indignité s’effacent. Rien ne peut s'opposer à cet amour de la rencontre avec le Seigneur.
Et cela nous rappelle une autre grande aide, le don de l'Esprit Saint, qui est présent en nous et qui nous instruit, rend vivante la Parole de Dieu que nous lisons, suggère de nouveaux sens, ouvre des portes qui semblaient fermées, indique des chemins de vie là où il ne semblait y avoir que ténèbres et confusion. Je vous demande: est-ce que vous priez le Saint Esprit? Mais qui est ce grand Inconnu? Nous prions le Père, oui, Notre Père, nous prions Jésus, mais nous oublions l’Esprit! Un jour, en faisant la catéchèse aux enfants, j’ai posé la question: «Qui de vous sait qui est l’Esprit Saint?» Et un enfant a dit: «Moi je sais!» - «Et qui est-il?» - «Le paralytique», m’a-t-il dit! Il avait entendu «le paraclet» et il pensait que c’était un paralytique. Et souvent — cela me fait réfléchir — pour nous, l’Esprit est là, comme si c’était une Personne qui ne compte pas. L’Esprit Saint est ce qui donne vie à ton âme! Laisse-le entrer. Parlez avec l’Esprit comme vous parlez avec le Père, comme vous parlez avec le Fils: parlez avec l’Esprit Saint — qui n’a rien d’un paralytique! En lui il y a la force de l’Eglise, c’est ce qui te fait avancer. L'Esprit Saint est le discernement en action, la présence de Dieu en nous, il est le plus grand don, cadeau que le Père accorde à ceux qui le demandent (cf. Lc 11, 13). Et comment Jésus l’appelle-t-il? «Le don»: «Restez ici à Jérusalem en attendant le don de Dieu», qui est l’Esprit Saint. Il est intéressant de vivre la vie dans l’amitié avec l’Esprit Saint: Il te change, Il te fait grandir.
La Liturgie des heures fait débuter les principaux moments de prière de la journée par cette invocation: «O Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours». «Seigneur, aide-moi!» car seul, je ne peux pas continuer, je ne peux pas aimer, je ne peux pas vivre... Cette invocation au salut est la demande irrépressible qui jaillit du plus profond de notre être. Le discernement a pour but de reconnaître le salut opéré par le Seigneur dans ma vie, il me rappelle que je ne suis jamais seul et que si je lutte, c'est que l'enjeu est important. L’Esprit Saint est toujours avec nous. «O Père, j’ai fait une mauvaise chose, je dois aller me confesser, je ne peux rien faire...». Mais tu as faire une mauvaise chose? Parle à l’Esprit qui est avec toi et dis-lui: «Aide-moi, j’ai fait cette chose très laide». Mais ne pas effacer le dialogue avec l’Esprit Saint. «Père, j’ai commis un péché mortel»: cela n’a pas d’importance, parle avec Lui pour qu’il t’aide à recevoir le pardon. Ne jamais abandonner ce dialogue avec l’Esprit Saint. Et avec ces aides, que le Seigneur nous donne, nous ne devons pas avoir peur. En avant, courage et dans la joie!
Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 21 décembre, se trouvaient les groupes francophones français:
De France: Servants d’autel, de Versailles; Collège Saint-Thomas, de Poneallec.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier le groupe des servants d’autel du diocèse de Versailles. Puisse leur service généreux les faire entrer toujours plus dans l’intimité du Seigneur.
Que l'Esprit Saint guide notre discernement et nous fasse reconnaître dans notre vie le salut opéré par le Seigneur Jésus qui vient.
Je vous souhaite un joyeux et saint Noël et vous bénis tous!