Un appel à transformer «l'indifférence en proximité» et «l'exclusion en appartenance» a été lancé le samedi 3 décembre par le Pape François lors de sa rencontre avec un groupe de porteurs de handicap, reçus en audience dans la salle Clémentine à l'occasion de la Journée internationale qui leur est consacrée. Nous publions ci-dessous les paroles prononcées par le Saint-Père à cette occasion.
Chers frères et sœurs, bonjour!
Je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des porteurs de handicap. Je remercie Mgr Giuseppe Baturi pour ses paroles et aussi pour l'engagement des Eglises en Italie à maintenir en vie l'attention envers les porteurs de handicap, avec une action pastorale active et inclusive. Promouvoir la reconnaissance de la dignité de chaque personne est une responsabilité constante de l'Eglise: c'est la mission de poursuivre dans le temps la proximité de Jésus Christ à chaque homme et à chaque femme, en particulier à ceux qui sont les plus fragiles et les plus vulnérables. Le Seigneur est proche de vous.
Accueillir les porteurs de handicap et répondre à leurs besoins est un devoir de la communauté civile et de la communauté ecclésiale, parce que la personne humaine, «même lorsqu'elle est blessée dans l'esprit ou dans ses capacités sensorielles et intellectuelles, est un sujet pleinement humain, avec les droits sacrés et inaliénables propres à toute créature humaine» (Saint Jean-Paul ii , Discours aux participants au symposium «Dignité et droits de la personne handicapée», 8 janvier 2004).
Tel était le regard de Jésus sur les personnes qu'il rencontrait: un regard de tendresse et de miséricorde surtout pour ceux qui étaient exclus de l'attention des puissants et même des autorités religieuses de son temps. Pour cela, chaque fois que la communauté chrétienne transforme l'indifférence en proximité — c'est une véritable conversion: transformer l'indifférence en proximité et en sympathie — chaque fois que l'Eglise fait cela et transforme l'exclusion en appartenance, elle accomplit sa mission prophétique. En effet, il ne suffit pas de défendre les droits des personnes; il faut s'efforcer de répondre aussi à leurs besoins existentiels, dans les différentes dimensions, corporelle, psychique, sociale et spirituelle. Chaque homme et chaque femme, en effet, dans toutes les conditions où il ou elle se trouve, est porteur, outre de droits qui doivent être reconnus et garantis, mais aussi de relations encore plus profondes, comme le besoin d'appartenir, de se lier et de cultiver la vie spirituelle jusqu'à en expérimenter la plénitude et bénir le Seigneur pour ce don unique et merveilleux.
Engendrer et soutenir des communautés inclusives — ce mot est important, inclusif, toujours — signifie, alors, éliminer toute discrimination et satisfaire concrètement l'exigence de toute personne de se sentir reconnue et de se sentir partie prenante. Il n'y a pas d'inclusion, en effet, si l'expérience de la fraternité et de la communion réciproque fait défaut. Il n’y a pas d’inclusion si celle-ci reste un slogan, une formule à utiliser dans les discours politiquement corrects, une bannière à s’approprier. Il n’y a pas d’inclusion si la conversion dans les pratiques de cohabitation et de relations fait défaut.
Les personnes handicapées doivent avoir accès aux bâtiments et aux lieux de rencontre, elles doivent avoir accès aux langages et pouvoir surmonter les barrières physiques et les préjugés. Mais cela ne suffit pas. Il faut promouvoir une spiritualité de communion, afin que chacun se sente partie d'un même corps, avec sa personnalité unique. Ce n'est qu'ainsi que chaque personne, avec ses limites et ses qualités, se sentira encouragée à faire sa part pour le bien de tout le corps ecclésial et pour le bien de toute la société.
Je souhaite à toutes les communautés chrétiennes d'être des lieux où «appartenance» et «inclusion» ne sont pas des mots à prononcer à certaines occasions, mais deviennent un objectif de l'action pastorale ordinaire. De cette façon, nous pourrons être crédibles quand nous annonçons que le Seigneur nous aime tous, qu'il est le salut pour tous et qu'il nous invite tous à la table de la vie, sans exception.
Je suis toujours frappé lorsque le Seigneur raconte l'histoire de cet homme qui avait fait la fête pour le mariage de son fils et que les invités ne sont pas venus (cf. Mt 22, 1-14). Il appelle les serviteurs et dit: «Allez au carrefour des rues et emmenez tout le monde». «Tous» dit le Seigneur: jeunes, vieux, malades, petits, grands, pécheurs et non-pécheurs... Tous, tous, tous! C'est le Seigneur: tous, sans exclusion. L'Eglise est la maison de tous, le cœur du chrétien est la maison de tous, sans exclusion. Nous devons apprendre cela. Nous sommes parfois un peu tentés d’aller sur la voie de l’exclusion. Non, l'inclusion. Le Seigneur nous a enseigné: tous. «Mais c'est moche, c'est ceci, c’est cela...». Tous, tous. L’inclusion.
Chers frères et sœurs, en ce temps, où nous entendons quotidiennement des bulletins de guerre, votre témoignage est un signe concret de paix, un signe d'espérance pour un monde plus humain et fraternel, pour tous. Continuez sur cette voie! Je vous bénis de tout cœur et je prie pour vous. Merci pour ce que vous faites, merci! Et je vous demande de prier pour moi. Merci!