· Cité du Vatican ·

Message du Pape au patriarche Bartholomée pour la saint André

La voie du dialogue
et de la rencontre
pour surmonter les conflits

 La voie du dialogue et de la rencontre pour surmonter les conflits   FRA-048
01 décembre 2022

Dans le cadre du traditionnel échange de délégations pour les fêtes respectives des saints patrons, le 29 juin à Rome pour la célébration des saints Pierre et Paul et le 30 novembre à Istanbul pour la célébration de saint André, le cardinal Leonardo Sandri, préfet émérite du dicastère pour les Eglises orientales, a guidé la délégation du Saint-Siège pour la fête du patriarcat œcuménique. Le cardinal était accompagné de Mgr Andrea Palmieri, sous-secrétaire du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens. A Istanbul, le nonce en Turquie, Mgr Marek Solczyński, s’est uni à la délégation du Saint-Siège, qui a pris part à la Divine liturgie solennelle présidée par le patriarche œcuménique, Sa Sainteté Bartholomée, dans l’église patriarcale Saint-Georges au Phanar, a rencontré le patriarche et a eu des entretiens avec la Commission synodale chargée des relations avec l’Eglise catholique. Le cardinal Sandri a remis au patriarche œcuménique un message signé par le Pape, dont il a donné lecture en conclusion de la Divine liturgie et que nous publions ci-dessous.

A Sa Sainteté Bartholomée
archevêque de Constantinople
patriarche œcuménique

A l’occasion de la commémoration liturgique cette année de l’apôtre André, le premier appelé, frère de Pierre, je suis heureux d’être représenté une fois de plus au Phanar par une délégation de l’Eglise de Rome aux célébrations du saint patron de l’Eglise de Constantinople et du patriarcat œcuménique. J’ai demandé à la délégation de transmettre à Votre Sainteté l’assurance de mes sentiments fraternels et mes sincères prières pour vous et pour l’Eglise confiée à vos soins. De même, j’offre mes salutations cordiales et mes meilleurs vœux aux membres du Saint-Synode, ainsi qu’au clergé et aux fidèles laïcs qui prennent part à la Divine Liturgie dans l’église patriarcale Saint-Georges.

La rencontre de l’Eglise de Rome avec l’Eglise de Constantinople à l’occasion de leurs fêtes patronales respectives est une expression de la profondeur des liens qui nous unissent et un signe visible de notre vœu fervent de communion toujours plus profonde. Le plein rétablissement de la communion entre tous les croyants en Jésus Christ représente un engagement irrévocable pour chaque chrétien, car l’«unité de tous» (liturgie de saint Jean Chrysostome) n’est pas seulement la volonté de Dieu, mais une priorité urgente dans le monde d’aujourd’hui. En effet, le monde actuel a un grand besoin de réconciliation, de fraternité, et d’unité. L’Eglise devrait donc resplendir comme «le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain» (Lumen gentium, n. 1).

Une grande attention a été portée à juste titre aux raisons historiques et théologiques à l’origine de nos divisions. Cette étude commune doit continuer et se développer dans un esprit qui n’est ni polémique, ni apologétique, mais marqué en revanche par un dialogue authentique et une ouverture réciproque. De même, nous devons reconnaître que les divisions sont le résultat d’actions et de comportements regrettables qui empêchent l’action de l’Esprit Saint, qui guide les fidèles vers l’unité dans la diversité légitime. Il s’ensuit que seule la croissance dans la sainteté de vie peut conduire à une unité véritable et durable. Nous sommes donc appelés à œuvrer au rétablissement de l’unité entre les chrétiens non seulement à travers des accords signés, mais à travers la fidélité à la volonté du Père et le discernement des exhortations de l’Esprit. Nous pouvons être reconnaissants à Dieu pour le fait que nos Eglises ne se résignent pas aux expériences passées et présentes de division, mais au contraire, à travers la prière et la charité fraternelle, elles cherchent en revanche à atteindre la pleine communion qui nous permettra un jour, selon le temps de Dieu, de nous réunir à la même table eucharistique.

Tandis que nous nous dirigeons vers cet objectif, il existe de nombreux secteurs dans lesquels l’Eglise catholique et le patriarcat œcuménique œuvrent ensemble pour le bien commun de la famille humaine en sauvegardant la création, en défendant la dignité de chaque personne, en combattant des formes modernes d’esclavage et en promouvant la paix. L’un des domaines les plus fructueux de cette coopération est le dialogue interreligieux. Je rappelle ici avec gratitude notre récente rencontre au Royaume du Bahreïn à l’occasion du Forum pour le dialogue: orient et occident pour la coexistence humaine. Le dialogue et la rencontre sont le seul chemin viable pour surmonter les conflits et toutes formes de violence. A cet égard, je confie à la miséricorde de Dieu tout-puissant tous ceux qui ont perdu la vie ou ont été blessés dans la récente attaque dans votre ville, et je prie pour qu’il convertisse les cœurs de ceux qui encouragent ou soutiennent de telles mauvaises actions.

En invoquant sur vous les dons de sérénité et de joie de Dieu tout-puissant, je renouvelle l’expression de mes meilleurs vœux pour la fête de saint André, et j’échange avec Votre Sainteté un baiser fraternel de paix dans le Seigneur.

Rome, de Saint-Jean-de-Latran, le 30 novembre 2022

François