· Cité du Vatican ·

Comment reconnaître la vraie consolation

La prière n’est pas une fuite des devoirs mais une aide pour réaliser le bien

 La prière n’est pas une fuite des devoirs mais une aide pour réaliser le bien  FRA-048
01 décembre 2022

Chers frères et sœurs, bonjour!

En poursuivant notre réflexion sur le discernement, et en particulier sur l’expérience spirituelle appelée «consolation», dont nous avons parlé mercredi dernier, nous nous demandons: comment reconnaître la vraie consolation? C’est une question très importante pour un bon discernement, afin de ne pas se fourvoyer dans la recherche de notre vrai bien.

Nous pouvons trouver quelques critères dans un passage des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. «Si dans les pensées tout est bien — dit saint Ignace — le commencement, le milieu et la fin, tout en elles est bon et tendant purement au bien, c’est une preuve qu’elles viennent du bon Ange; mais si, dans la suite des pensées qui nous sont suggérées, il finit par s’y rencontrer quelque chose de mauvais ou de dissipant, ou de moins bon que ce que nous nous étions proposé de faire, ou si ces pensées affaiblissent notre âme, l’inquiètent, la troublent, en lui ôtant la paix, la tranquillité et le repos dont elle jouissait d’abord, c’est une marque évidente qu’elles procèdent du mauvais esprit» (n. 333). Car c’est vrai: il y a une vraie consolation, mais il y a aussi des consolations qui ne sont pas vraies. Et pour cela, il faut bien comprendre le processus de la consolation: comment va-t-il et où me mène-t-il? Et s’il me conduit à quelque chose d’inférieur, qui n’est pas bon, la consolation n’est pas vraie, elle est feinte, disons.

Et ce sont des indications précieuses, qui méritent un bref commentaire. Qu’est-ce que cela signifie que le début est orienté vers le bien, comme le dit saint Ignace d’une bonne consolation? Par exemple, j’ai la pensée de prier, et je remarque qu’elle s’accompagne d’affection envers le Seigneur et le prochain, elle invite à accomplir des actes de générosité, de charité: c’est un bon début. D’autre part, il peut arriver que cette pensée surgisse pour éviter un travail ou une tâche qui m’a été confiée: chaque fois que je dois faire la vaisselle ou nettoyer la maison, il me vient une grande envie de me mettre à prier! Cela arrive dans les couvents. Mais la prière n’est pas une fuite des tâches, au contraire, elle est une aide pour réaliser ce bien que nous sommes appelés à faire, ici et maintenant. Voilà pour le début.

Il y a ensuite le milieu: saint Ignace disait que le début, le milieu et la fin doivent être bons. Le principe est le suivant: j’ai envie de prier pour ne pas faire la vaisselle: va, fais la vaisselle et ensuite va prier. Ensuite, il y a le milieu, c’est-à-dire ce qui vient après, ce qui suit cette pensée. En restant dans l’exemple précédent, si je commence à prier et que, comme le fait le pharisien de la parabole (cf. Lc 18, 9-14), j’ai tendance à me complaire et à mépriser les autres, peut-être avec un esprit rancunier et aigre, alors ce sont des signes que l’esprit mauvais a utilisé cette pensée comme une clé pour entrer dans mon cœur et me transmettre ses sentiments. Si je vais prier et que je pense au célèbre pharisien — «Je te remercie, Seigneur, parce que je prie, je ne suis pas comme les autres qui ne te cherchent pas, ne prient pas» — là, cette prière se termine mal. Cette consolation de prier consiste à se sentir comme un paon devant Dieu. Et ce milieu ne convient pas.

Et puis il y a la fin: le début, le milieu et la fin. La fin est un aspect que nous avons déjà abordé, à savoir: où me mène-une pensée? Par exemple, où me mène la pensée de prier. Par exemple, ici, il peut arriver que je me consacre pleinement à une œuvre belle et digne, mais cela me pousse à ne plus prier, car je suis pris par tant de choses, je me découvre toujours plus agressif et irritable, je considère que tout dépend de moi, au point de perdre la confiance en Dieu. De toute évidence, il y a ici l’action du mauvais esprit. Je me mets à prier, puis dans la prière je me sens tout-puissant, tout doit être entre mes mains parce que je suis le seul, le seul à savoir faire avancer les choses: évidemment là ce n’est pas le bon esprit. Il faut bien examiner le parcours de nos sentiments et le parcours des bons sentiments, de la consolation, au moment où je veux faire quelque chose. Comment est le début, comment est le milieu et comment est la fin.

Le style de l’ennemi — quand nous parlons de l’ennemi, nous parlons du diable, car le diable existe, il est là! — son style, nous le savons, est de se présenter de manière sournoise et déguisée: il commence par ce qui nous tient le plus à cœur et nous attire à lui, petit à petit: le mal entre en cachette, sans que la personne ne s’en rende compte. Et avec le temps, la douceur devient dureté: cette pensée se révèle pour ce qu’elle est vraiment.

D’où l’importance de cet examen patient mais indispensable de l’origine et de la vérité de ses pensées; c’est une invitation à apprendre des expériences, de ce qui nous arrive, pour pas continuer à répéter les mêmes erreurs. Plus nous nous connaissons nous-mêmes, plus nous détectons les points d’entrée du mauvais esprit, ses «mots de passe», les portes d’entrée de notre cœur, qui sont les points sur lesquels nous sommes le plus sensibles, afin d’y prêter attention à l’avenir. Chacun de nous a les points les plus sensibles, les points les plus faibles de sa personnalité: et de là entre le mauvais esprit et il nous emmène sur la route qui n’est pas bonne, ou nous éloigne de la véritable bonne direction. Je vais prier mais cnous éloigne de la prière.

On pourrait multiplier les exemples à volonté, en réfléchissant à nos journées. Et nous devons le faire: l’examen de conscience quotidien est si important: avant de terminer la journée, s’arrêter un moment. Que s’est-il passé? Pas dans les journaux, pas dans la vie: que s’est-il passé dans mon cœur? Mon cœur a-t-il été attentif? A-t-il grandi? A-t-il été une route où tout est passé, à mon insu? Que s’est-il passé dans mon cœur? Et cet examen est important, c’est l’effort précieux de relire la vie d’un point de vue particulier. Prendre conscience de ce qui se passe est important, c’est un signe que la grâce de Dieu agit en nous, nous aidant à grandir en liberté et en conscience. Nous ne sommes pas seuls: c’est l’Esprit Saint qui est avec nous. Voyons comment cela s’est passé.

La consolation authentique est une sorte de confirmation que nous faisons ce que Dieu veut de nous, que nous marchons sur ses chemins, c’est-à-dire sur les chemins de la vie, de la joie, de la paix. Le discernement, en effet, ne concerne pas simplement ce qui est bon ou le plus grand bien possible, mais ce qui est bon pour moi ici et maintenant: ainsi suis-je appelé à grandir, en fixant des limites à d’autres propositions, attrayantes mais irréelles, afin de ne pas me fourvoyer dans la recherche du vrai bien.

Frères et sœurs, il est nécessaire de comprendre, d’approfondir la compréhension de ce qui se passe dans mon cœur. Et pour cela, il faut faire l’examen de conscience, pour voir ce qui s’est passé aujourd’hui. «Aujourd’hui, je me suis mis en colère là, je n’ai pas fait ça...»: mais pourquoi? Par-delà le pourquoi, il faut chercher la racine de ces erreurs. «Mais, aujourd’hui, j’ai été heureux mais je m’ennuyais parce que je devais aider ces gens, mais à la fin je me suis senti comblé, comblée pour cette aide»: et là, se trouve l’Esprit Saint. Apprendre à lire dans le livre de notre cœur ce qui s’est passé pendant la journée. Faites-le, juste deux minutes, mais ça vous fera du bien, je vous l’assure. Merci.

Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 30 novembre, se trouvaient les groupes francophones suivants:

De France: Lycée Sainte-Marie de Neuilly, de Paris.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement le lycée Sainte Marie de Neuilly, de Paris.

Frères et sœurs, nous sommes entrés dans le temps de l’Avent pleins d’espérance et nous implorons le Prince de la Paix avec ferveur afin qu’il apporte à nos cœurs blessés, ainsi qu’aux nations meurtries par les guerres et les crises de tout genre, la consolation authentique, pour une vie digne et sereine.

Que Dieu vous bénisse!