Dans la première lecture et dans l’Evangile, c’est sur la seule confiance en la parole déroutante d’un autre que survient la guérison. Et il est difficile d’accorder foi à une parole si différente de l’image que nous nous faisions d’une rencontre salutaire. Dans l’Evangile, Jésus ne touche pas les lépreux, il les invite seulement à faire comme s’ils étaient guéris en allant se montrer aux prêtres. Et c’est le crédit accordé à cette parole qui les met en route qui est source de guérison.
Mais les textes nous interrogent aussi sur la reconnaissance. Dans la première lecture, Elisée refuse une reconnaissance sonnante et trébuchante et tout se passe comme si le fait d’être désintéressé permettait la reconnaissance du don de Dieu. Nous risquons d’y faire obstacle quand nous espérons que la reconnaissance de la grâce qui passe par nous soit gratitude vis-à-vis de nous.
Dans l’Evangile la foi a bien été le fait des dix lépreux: tous se mettent en chemin et sont purifiés. Un seul revient sur ses pas, et paradoxalement ne suit pas l’injonction de Jésus. Nous avions dix lépreux, identité partagée d’une commune exclusion, nous nous trouvons maintenant en présence de neuf juifs et un samaritain, comme si la réintégration au sein de la communauté réintroduisait la différence qui met l’étranger à part. C’est une constante dans l’Evangile de Luc que la manifestation du don de Dieu surgisse en marge de l’élection et la figure de Naaman de la première lecture est évoquée par Jésus au début de l’Evangile de Luc, dans la synagogue de Nazareth. L’étranger est chez Luc, le témoin de l’irruption du salut en marge de l’élection, quand celle-ci est comprise comme un privilège et devient un obstacle à la manifestation du salut. Cela doit rester pour nous un repère quand nous sommes tentés de recevoir comme un privilège la manifestation du salut dont nous sommes les témoins indignes. La reconnaissance du don de Dieu jaillit de notre renoncement à mettre la main sur le don qui passe par nous.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu, Son Amour et mon âme
Nombre de chrétiens oublient, bien qu’aimant absolument Dieu,
de Le louer, de Le remercier; quand je vis la Messe, j’exprime
de la gratitude envers le Tout-Puissant car Il m’aime,
me guide et me soutient; je Le sais très miséricordieux.
Ma conversion, une guérison
Dès ma conversion, en guérissant de mon mal de vivre,
j’ai, comme le lépreux, crié, remercié à genoux Dieu;
depuis, ma vie, mes écrits, reflètent, respirent l’amour radieux;
la foi m’a libéré de mes peurs, m’a changé, fait revivre.
Frank Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 9 octobre,
xxviiie du Tems ordinaire
Première lecture: 2 R 5, 14-17
Psaume: 97
Deuxième lecture: 2 Tm 2, 8-13
Evangile: Luc 17, 11-19
Bruno Lachnitt*