· Cité du Vatican ·

L’actualité de sainte Anne Marie Rubatto

Sœurs des pauvres en Uruguay

 Sœurs des pauvres en Uruguay  FRA-038
22 septembre 2022

«Soyez les sœurs du peuple», écrivait sainte Marie Françoise de Jésus (dans le siècle Anne Marie Rubatto) première sainte de l’Uruguay, aux religieuses de la congrégation qu’elle a fondée. Née le 14 février 1844 à Carmagnola, en Italie, elle a été canonisée par le Pape François le 15 mai 2022. Tel est l’esprit qui inspira sa vie et son apostolat à Montevideo, capitale de l’Uruguay, où elle choisit de vivre de 1892 jusqu’à sa mort, en 1904. De fait, dans son testament, elle laissa par écrit la disposition suivante: «Que mon corps soit enterré parmi mes bien-aimés pauvres».

Le site internet de la congrégation des sœurs capucines de mère Rubatto affirme qu’elle «donna au franciscanisme une version féminine moderne» et également qui «constitue l’une des plus grandes figures du franciscanisme féminin actuel». «Précisément comme saint François d’Assise, mère Rubatto a rencontré le Christ chez les pauvres et les personnes souffrantes et a vécu une expérience authentique de la pauvreté de la Vierge», ajoute la page internet. «Elle fut une sœur parmi les sœurs plutôt qu’une mère fondatrice, et vécut un zèle missionnaire et un désir de martyre très profonds qui l’accompagnèrent jusqu’au terme de sa vie consumée par la charité et par l’amour pour Jésus et les pauvres».

Fondée le 23 janvier 1885, la congrégation est aujourd’hui présente en Italie, Uruguay, Argentine, Brésil, Pérou, Ethiopie, Erythrée, Kenya et Malawi à travers des écoles et des paroisses où œuvrent les sœurs et des œuvres d’assistance aux personnes les plus indigentes.

A son arrivée en Uruguay, elle choisit la région de La Teja, Belvedere, Paso de la Arena et Barra de Santa Lucía, qui étaient à l’époque une terre déserte. Sainte Marie Françoise de Jésus se mêlait à la population, et aux ouvriers qui se rendaient à l’abattoir le dimanche matin et elle prenait le train avec eux à l’aube, à 4h00. Elle fut en outre en mesure, entre autres, d’instituer le besoin de vestiaire et de nourriture pour les gens et, grâce à une vision profonde, elle décida de faire résider un groupe de ses sœurs dans le quartier de Belvedere, où se trouve le sanctuaire dans lequel repose aujourd’hui sa dépouille.

Mère Rubatto réalisa donc un travail louable de promotion et d’évangélisation: elle fit en sorte que les petites filles apprennent un métier pour gagner de quoi vivre, afin de ne pas dépendre de leur famille. Elle leur apprit à lire, à écrire, à coudre, à tisser, à broder, mais elle leur donna également une formation religieuse. Les ateliers fondés par sainte Marie Françoise de Jésus devinrent ensuite de grands instituts, comme l’école et le lycée San José de la Providencia de Montevideo ou l’école San Francisco de Asís de Rosario et Buenos Aires, en Argentine.

L’un des traits distinctifs de la sainte fut sa disponibilité à accepter l’appel de Dieu dans les défis que la réalité lui présentait et à agir en conséquence. C’est ce qu’observait le père Carlo Calloni, postulateur de la cause de canonisation, à Radio Vatican-Vatican News. Par exemple, quand elle eut quarante ans, on lui proposa la direction d’une œuvre qui se trouvait à Loano, dans le diocèse de Gênes. L’invitation arriva de façon étrange selon le mode de pensée humain: «Un pierre tombe d’un échafaudage et elle porte secours au maçon qui s’est blessé, et, dans le même temps, elle reçoit l’appel d’un capucin, le père Angelico da Sestri Ponente, qui lui offre le poste de directrice», a rappelé le postulateur. Par la suite, mère Rubatto examina la proposition avec son directeur spirituel et décida d’accepter.

Un aspect peu connu de sainte Marie Françoise de Jésus fut sa -proximité avec don Bosco. La famille salésienne en Uruguay a approfondi la question et a expliqué l’influence décisive sur la sainte du -«père et maître de la jeunesse». Selon une publication des salésiens en Uruguay, le curriculum de la sainte révèle «un lien profond et décisif avec don Bosco». Anne Marie Rubatto, écrivent-ils, arrive à Turin en 1862, après avoir perdu presque toute sa famille, et s’installe dans la maison de sa sœur aînée, mariée, puis travaille pour une riche comtesse. «C’était le temps où don Bosco travaillait dans ses oratoires et elle décida de collaborer avec lui avec la discrétion, la prudence, l’amabilité et la tendresse qui l’ont toujours caractérisée», ajoutent-ils.

Les prophéties de don Bosco, précisent les salésiens, s’accomplirent pleinement et la religieuse inséra dans sa mission divers éléments du «système de prévention», comme le désir d’assister les jeunes plus abandonnés pour les éduquer et les promouvoir afin de donner une dignité à leur vie.

Le fait de connaître Mère Rubatto comme «la première sainte de l’Uruguay» s’inspire de la définition imaginée par le Pape Jean-Paul ii, quand, au cours de la cérémonie de béatification le 10 octobre 1993, il affirma: «Aujourd’hui, nous la saluons comme la première bienheureuse de l’Uruguay». Dans son homélie, le Pape ajouta: «L’Eglise te salue, sœur Marie Françoise de Jésus, fondatrice des sœurs tertiaires capucines de Loano, qui as fait de ton existence un service constant aux derniers, en témoignant de l’amour particulier que Dieu a pour les petits et les humbles. En suivant fidèlement les traces de François, l’amoureux de la pauvreté évangélique, tu as appris non seulement à servir les pauvres, mais à devenir pauvre toi-même et tu as indiqué à tes filles spirituelles cette voie d’évangélisation particulière. Avec la croissance de l’institut, cette intuition initiale est devenue un profond élan missionnaire qui t’a conduit, ain-si que ton œuvre, en Amérique latine, où certaines de tes filles spirituelles ont scellé par le sacrifice de leur vie le service aux pauvres qui constitue le charisme confié à ta congrégation, au bénéfice de toute l’Eglise».

#sistersproject

Sebastián Sansón Ferrari