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A Sainte-Marie majeure le cardinal Parolin lance un appel à la communauté internationale pour la région du Sahel

Consolider l’harmonie et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire

 Consolider l’harmonie et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire   FRA-038
22 septembre 2022

C’est le regard tourné vers la région du Sahel, en proie à la «multiplication rapide des groupes et des mouvements djihadistes et terroristes dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria», que le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat, a lancé un vibrant appel à la communauté internationale pour qu'elle ne reste pas sourde «aux cris d’enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, aux cris des orphelins, des femmes, des veuves, des éleveurs, des paysans, des personnes honnêtes qui vivent le martyr dans cette partie de la planète».

Ses paroles ont retenti vendredi 16 septembre, dans la basilique papale Sainte-Marie majeure, où le cardinal a célébré une Messe d'action de grâce pour la paix retrouvée en Côte d'Ivoire, en présence du président de la République, S.E. M. Alassane Ouattara, et de son épouse — qui ont été reçus au Vatican le lendemain par le Pape François —, du premier ministre et de la délégation qui a accompagné le chef de l'Etat africain en visite officielle au Saint-Siège. Ont concélébré la Messe autour du cardinal Parolin, le cardinal Jean-Pierre Kutwa, archevêque d'Abidjan, et le nonce apostolique dans le pays, Mgr Paolo Borgia.

Face à la situation tragique de la région, le secrétaire d'Etat a rappelé dans son homélie que «le monde et la communauté internationale ne devraient plus détourner leurs regards de ces situations, car ils ont le grave devoir, au nom de la solidarité humaine et de la vérité de l’histoire, d’établir et de promouvoir la paix et rien que la paix, la cohésion et rien que la cohésion dans ces pays, en aidant les autorités et les populations locales à trouver des solutions durables, synonymes d’une marche résolue vers le développement humain intégral».

Une sorte de pont spirituel unissait Rome, en particulier le temple libérien, première église d'Occident dédiée à la Mère de Dieu, à l'immense basilique Notre-Dame de la Paix dans la capitale ivoirienne Yamoussoukro, où le cardinal Parolin s'était rendu en mai dernier pour conférer l'ordination épiscopale au nonce Mgr Paolo Borgia.

C'est à la «Mère du Christ, Prince de la Paix, que nous demandons sans cesse d'intercéder pour la paix que nous désirons, pour la paix que nous cherchons», afin qu'elle «soit inlassablement construite sur la terre ivoirienne, terre d'accueil et d'espérance», a déclaré le célébrant. «Si nous sommes réunis ici pour rendre grâce pour la paix et prier pour sa consolidation, c’est parce que la paix est avant tout un don de Dieu, si bien que nous demeurons convaincus qu’au cœur de nos efforts la prière doit occuper une place importante», invoquant «Celle qui est capable de toucher les cœurs et les esprits, de désamorcer les conflits et les situations humaines, même les plus complexes».

A propos de la commémoration liturgique des saints Corneille Pape et Cyprien évêque de Carthage, promoteurs d'une attitude de charité et de miséricorde face à la question des chrétiens qui demandaient à être réadmis dans l'Eglise après qu’ils aient apostasié pendant la persécution, le cardinal Parolin a noté que tous deux sont morts en martyrs: le premier en exil, le second par décapitation. Et aujourd'hui, a-t-il ajouté, actualisant la réflexion, «plus de 2000 ans après, en voyant le dynamisme de l'Eglise en Afrique, la célèbre phrase de Tertullien “le sang des martyrs est semence des chrétiens” prend tout son sens». En effet, «même à notre époque, l’Eglise continue de porter la croix de l’affliction avec ses enfants qui souffrent en diverses parties du monde. Le phénomène de la violence religieuse ne cesse de s’accroître dans le monde entier».

La Côte d'Ivoire, elle aussi, «a vécu des moments difficiles, douloureux et tragiques du fait de conflits internes. Espérons vraiment que ce soit des pages de son histoire, définitivement tournées et que la paix aujourd’hui visiblement retrouvée puisse se consolider toujours davantage». A cet égard, le cardinal a fait remarquer que «travailler pour construire la paix et la maintenir par la justice et l’équité, exige un effort commun et une collaboration efficace de la part de tous, tant à l’intérieur de chaque pays qu’à l’extérieur, entre pays, en particulier entre pays limitrophes. L’Afrique, en cela, est favorisée par ce sens très fort de la communauté qui la caractérise, comme l’exprime bien un de ses proverbes: «Un problème aux yeux est aussi un problème pour le nez», en d’autres termes, personne ne vit dans l’isolement, indépendamment des autres. Il a plu à Dieu de bénir la Côte d’Ivoire avec une diversité de peuples, de langues, de cultures, qui doit être utilisée pour favoriser l’unité, la justice et le développement».

D'où l'exhortation à ne «pas permettre que l’instrumentalisation de ces bénédictions détruise la cohésion sociale et mette en péril la concorde entre les ivoiriens… nous sommes appelés à collaborer avec le Seigneur pour construire la paix, car si elle est un don de Dieu, comme nous l’avons déjà rappelé, elle est aussi une œuvre des hommes de bonne volonté».

Enfin, le cardinal a renouvelé les encouragements exprimés par le Pape François lors de l'Angelus du 15 novembre 2020, à l'occasion de la Journée nationale de la paix qui s'est tenue dans un contexte de tensions. Le Souverain Pontife demandait aux responsables politiques ivoiriens «de poursuivre leurs efforts pour rétablir la confiance», a rappelé le cardinal Parolin, par «l’adoption et la promotion de toutes les mesures capables de servir à la réconciliation et à la paix, dans l’écoute réciproque, la connaissance et l’estime de l’autre».