Un trou dans le brouillard

La visite du Pape François à L'Aquila n'était pas simplement une étape pastorale dans son ministère inlassable. En fait, la population de L'Aquila a attendu le Pape François comme on attend le soleil par un jour de brouillard. En fait, c'est exactement ce qui s'est passé: au milieu du brouillard, l'arrivée du Pape a coïncidé avec l'arrivée du soleil, qui a finalement réussi à percer les nuages. Les habitants de L'Aquila ont beaucoup souffert du terrible tremblement de terre de 2009 et, des années plus tard, ils essaient péniblement de se relever de cette souffrance, en cherchant obstinément une lumière au milieu des fissures que le tremblement de terre a laissées non seulement sur les maisons mais dans le cœur même des personnes. Le Pape a profité de cette expérience pour expliquer l'Evangile: «Aujourd'hui, ce matin, par exemple, j'ai pensé à cela, quand nous sommes arrivés à L'Aquila et que nous ne pouvions pas atterrir: brouillard épais, tout noir, nous ne pouvions pas. Le pilote de l'hélicoptère a tourné, tourné, tourné... A la fin il a vu un petit trou et y est entré: il a réussi, un professionnel. Et j'ai pensé à la misère: c'est la même chose avec la misère, avec sa propre misère. Tant de fois là-bas, en regardant qui nous sommes, rien, moins que rien; et on tourne, on tourne... Mais parfois le Seigneur fait un petit trou: mets-toi dedans, ce sont les plaies du Seigneur! C’est là qu’est la miséricorde, mais elle est dans ta misère. Il y a le trou que le Seigneur fait dans ta misère pour pouvoir y entrer. Miséricorde qui vient dans la tienne, dans la mienne, dans notre misère». Nous ne pensons jamais au fait que les fissures que la vie nous procure cachent mystérieusement une bénédiction. Cohen chantait qu'«il y a une fissure dans tout, et à travers elle vient la lumière», mais c'est Jésus ressuscité qui a rendu cela visible lorsque, pour être reconnu par ses disciples, il a montré l'espace ouvert de ses propres blessures. Pâques passe à travers ces «trous» et nous offre ce que le Pape François a appelé une autre possibilité: «La miséricorde est l'expérience de se sentir accueillis, remis sur pied, fortifiés, guéris, encouragés. Etre pardonnés, c'est faire l’expérience ici et maintenant de ce qui se rapproche le plus de la résurrection. Le pardon c’est passer de la mort à la vie, de l'expérience de l'angoisse et de la culpabilité à celle de la liberté et de la joie. Que ce temple soit toujours un lieu où l’on puisse se réconcilier, et expérimenter cette Grâce qui nous remet sur pied et nous donne une autre possibilité. Notre Dieu est le Dieu des possibilités». Aucune vie humaine ne peut exister sans le don d'avoir toujours une possibilité en réserve. C'est le geste d'une mère et d'un père qui remettent leur enfant sur ses pieds lorsqu'il tombe en essayant d'apprendre à marcher. C'est la raison pour laquelle le Pape François avait déjà dit que le pardon est un droit fondamental de la personne. C'est le grand enseignement de Jésus qui a passé sa vie à relever tous ceux qui étaient tombés par leur faute ou par celle des autres. Parfois, dans la vie, il n'est pas important de trouver un coupable, mais plutôt de trouver quelqu'un qui peut nous relever là où la vie s'est arrêtée. Une autre possibilité comme un trou dans le brouillard. (luigi maria epicoco)

Luigi Maria Epicoco