Dans la matinée du dimanche 28 août, le Pape François s’est rendu à L’Aquila, dans les Abruzzes, en Italie. Après son arrivée en hélicoptère peu après 8h30 la première rencontre du Pape avec la ville s’est déroulée piazza Duomo, en présence des proches des victimes du tremblement de terre du 6 avril 2009 et d’une délégation de détenus. Nous publions ci-dessous les paroles de salut du Pape.
Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche!
Je suis heureux d'être parmi vous et je remercie le cardinal-archevêque pour le salut qu'il m'a adressé en votre nom à tous. Avec vous ici présents, j'embrasse chaleureusement toute la ville et le diocèse de L'Aquila. Je vous remercie pour votre présence, ainsi que celle des autorités, des prisonniers, des enfants, de tous: le peuple de Dieu.
En ce moment de rencontre avec vous, en particulier avec les proches des victimes du tremblement de terre, je veux exprimer ma proximité à leurs familles et à toute votre communauté, qui ont affronté les conséquences de cet événement tragique avec une grande dignité.
Tout d'abord, je vous remercie pour votre témoignage de foi: malgré la douleur et la perte, qui appartiennent à notre foi de pèlerins, vous avez fixé votre regard sur le Christ, crucifié et ressuscité, qui par son amour a racheté la douleur et la mort du non-sens. Et je pense à l'un d'entre vous, qui m'a écrit il y a quelque temps et m'a dit qu'il avait perdu ses deux seuls enfants adolescents. Et comme lui beaucoup, beaucoup d’autres. Jésus vous a remis entre les bras du Père, qui ne laisse pas même tomber une seule larme en vain, mais il les rassemble toutes dans son cœur miséricordieux.
Dans ce cœur sont écrits les noms de vos proches, qui sont passés du temps à l'éternité. La communion avec eux est plus vivante que jamais. La mort ne peut briser l'amour, c’est ce que nous rappelle la liturgie des défunts: «A tes fidèles, Seigneur, la vie n'est pas enlevée, mais transformée» (Préface i). Mais la douleur est là, et les belles paroles aident, mais la douleur demeure. Ce n’est pas avec les mots que s’en va la douleur. Uniquement la proximité, l'amitié, l'affection: marcher ensemble, nous aider comme frères et aller de l'avant. Ou bien nous sommes un peuple de Dieu, ou bien les problèmes douloureux comme ceux-ci ne se résolvent pas.
Je vous félicite pour le soin avec lequel vous avez réalisé la Chapelle du Souvenir. La mémoire est la force d'un peuple, et lorsque cette mémoire est illuminée par la foi, ce peuple ne reste pas prisonnier du passé, mais marche et marche dans le présent orienté vers l'avenir, en restant toujours attaché aux racines et en préservant les expériences passées, bonnes et mauvaises. Et avec ce trésor et ces expériences il va de l’avant! Vous, les habitants de L'Aquila, avez fait preuve d’un caractère résilient. Enraciné dans votre tradition chrétienne et civique, il a permis de résister à l'impact du séisme et d'entamer immédiatement le travail courageux et patient de la reconstruction.
Il y avait tout à reconstruire: les maisons, les écoles, les églises. Mais, vous le savez bien, cela se fait avec la reconstruction spirituelle, culturelle et sociale de la communauté civique et de la communauté ecclésiale.
La renaissance personnelle et collective, après une tragédie, est un don de la Grâce et aussi le résultat de l'engagement de chacun et de tous ensemble. Je souligne ce terme «ensemble»: pas en petits groupes, non, ensemble, tous ensemble. Il est essentiel d'activer et de renforcer la collaboration organique, en synergie, des institutions et des associations: une harmonie difficile, un engagement clairvoyant, car nous travaillons pour nos enfants, pour nos petits-enfants, pour l'avenir.
Dans l’œuvre de reconstruction, les églises méritent une attention particulière. Ce sont sont un patrimoine de la communauté, non seulement au sens historique et culturel, mais aussi au sens identitaire. Ces pierres sont imprégnées de la foi et des valeurs du peuple; et les temples sont aussi des lieux propulseurs de sa vie, de son espérance.
Et en parlant d'espoir, je veux saluer et remercier la délégation du monde carcéral des Abruzzes, ici présente. En vous aussi je salue un signe d'espérance, car dans les prisons aussi, il y a beaucoup, trop de victimes. Vous êtes ici aujourd'hui un signe d'espérance dans la reconstruction humaine et sociale.
Je renouvelle à tous mes salutations, je vous bénis de tout cœur, ainsi que vos familles et toute la ville. Jemmonanzi! [Allons de l’avant!]