Cet Evangile s’ouvre sur la question du salut et l’inquiétude sur le nombre suggère que l’angoisse qui taraude l’interlocuteur de Jésus est de savoir s’il sera sauvé. Aujourd’hui la question du salut se pose en termes écologiques et collectif. Les plus vulnérables en payent les premiers le prix quand les plus riches espèrent tirer leur épingle du jeu. S’agit-il de se sauver en prenant ses jambes à son cou? S’agit-il au plan spirituel de «faire son salut» pour s’assurer une place au soleil de Dieu? L’angoisse du disciple du Christ c’est le salut des autres, pas le sien. A qui est préoccupé de «son» salut, Jésus répond: «Je ne sais pas d’où vous êtes». Chez Matthieu, c’est même plus radical dans un passage parallèle: «Ce jour-là, beaucoup me diront: “Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons expulsé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles?” Alors je leur déclarerai: “Je ne vous ai jamais connus. Ecartez-vous de moi, vous qui commettez le mal!”». Entrer par la porte étroite, c’est faire le pari de la confiance. L’inquiétude sur mon propre salut reste autocentrée. Saint Jacques dit que le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde, mais la miséricorde se moque du jugement. Le salut n’est pas l’ouverture d’un magasin le jour des soldes, la porte étroite n’est pas une compétition où il faudrait passer devant les autres. Aumônier de prisons, j’ai moins le souci de mon salut que de celui, de ceux auxquels je suis envoyé, et je n’imagine pas sans eux un à-venir en Dieu. Prendre la dernière place, voilà ce à quoi nous conduit la suite du Christ, à l’image de saint Charles de Foucauld. Non pas dans un calcul intéressé pour espérer finir premier selon la logique déroutante de cette page d’Evangile, mais juste comme y invitait le père Chevrier, fondateur du Prado, pour être «au plus près» de Jésus qui nous révèle le Père. Qu’espérer de plus?
Bruno Lachnitt
Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu accueille l’humanité
Le Royaume de Dieu est très accueillant et toujours ouvert;
chaque jour, je choisis d’y entrer, d’avoir une vie d’apôtre,
de faire exister la Parole des Cieux, d’en être un trouvère;
Elle m’invite à devenir une Hostie offerte aux autres.
La foi est absolue
Jésus m’invite à une existence ouverte à la jouissance,
à l’absolu, choisir de me donner, de vivre une croissance;
chacun de mes instants présents tournés vers l’Eternité,
est une chance offerte par Dieu, d’être amour, son infinité.
Frank Widro
Dimanche 21 août 2022,
xxie du Temps ordinaire
Première lecture: Is 66, 18-21
Psaume: 116
Deuxième lecture: He 12, 5-7.11-13
Evangile: Luc 13, 22-30