Cette parabole nous surprend-elle encore? Un détail pourrait passer inaperçu. Le passage commence comme beaucoup de controverses chez Luc par un guet-apens «pour mettre [Jésus] à l’épreuve». Le piège vient ici d’un docteur de la Loi dont la question nous intéresse pour comprendre la suite: il s’agit d’avoir part à la vie éternelle!
Jésus renvoie son interlocuteur à la Loi, car l’objet de la Loi n’est rien moins que la vie comme l’indique le Deutéronome. Et à la question «que lis-tu?», (qu’on peut aussi traduire par «comment lis-tu ?») l’homme répond avec pertinence si bien que Jésus lui dit: «Fais ainsi et tu auras la vie».
C’est là que le bât blesse, au sens propre des fardeaux dont les pharisiens chargent les épaules des autres sans les soulever du petit doigt (Lc 11, 46). Non content de suivre l’invitation de Jésus pour avoir la vie, ce qui semblait sa préoccupation initiale, «lui, voulant montrer qu’il était un homme juste», transforme une question légitime en controverse inutile, mais profitable pour nous.
Mais la Loi n’est pas là pour mettre en scène une justice illusoire. Comme l’écrit Paul: «Ce n'est pas en observant la Loi que quelqu'un devient juste devant Dieu. En effet, la Loi fait seulement connaître le péché» (Rm 3, 20). Nul n’est justifié par la Loi.
Jésus met alors en scène un rapport à la Loi qui interdit la relation, quand la Loi est au service de la relation, est un appel à la relation. La condition d’un rapport ajusté à la Loi, c’est de renoncer au fantasme d’être juste, à se justifier par la Loi.
Reste l’homme blessé dans le fossé. Car la pointe de la parabole est un décentrement de la notion de prochain. La question renversée par Jésus: «Qui s’est fait le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands?» renvoie chacun de nous à se faire proche de celui qui est le plus loin. La relation à Dieu nous met au défi d’une fraternité qui transcende les frontières étroites des proximités évidentes. «Va et toi aussi fais de même!».
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Suivre la Loi de Dieu
Vivre selon la Loi de Dieu est pour mon cœur une délivrance;
je suis fraternel quand je secours un frère en souffrance;
j’ai l’âme et le regard chrétien en accueillant le tout autre;
Jésus Christ me dit: «Sois amour et agis en apôtre!».
Devenir chrétien, être amour et prier
Chaque jour, j’aime accueillir des frères et l’Amitié du Christ;
Il m’invite, en devenant chrétien, à t’offrir un festin;
mon intime se fait prière, de l’existence un coloriste;
j’écoute Notre Père afin d’agir en humble samaritain.
Frank Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 10 juillet, xve du Temps ordinaire
Première lecture: Dt 30, 10-14
Psaume: 18
Deuxième lecture: Col 1, 15-20
Evangile: Lc 10, 25-37
Bruno Lachnitt*