«Du haut de cette colline, étends ton regard sur tous les peuples qui vivent autour de la Méditerranée, affermis leur désir de collaborer en vue de la paix, de la justice, de la protection de notre planète. Intercède auprès de Dieu pour que cesse toute guerre»: tel est l’un des passages les plus significatifs de la prière mariale que le cardinal Pietro Parolin a élevée le 24 juin au sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.
Premier secrétaire d’Etat à visiter la ville portuaire, le cardinal Parolin a été invité par S.Exc. Mgr Jean-Marc Aveline (qui sera créé cardinal lors du prochain consistoire) à l’occasion du troisième centenaire du vœu fait par les autorités politiques en la solennité du Sacré-Cœur pour libérer Marseille de la peste. Depuis 1722, chaque année, la consécration de la ville — interrompue uniquement par la Révolution française et reprise en 1807 — s’est renouvelée, sous l’impulsion de la vénérable sœur -Anne-Madeleine Rémusat, religieuse visitandine.
Au cours de sa visite, le cardinal Parolin a prononcé deux homélies, lors de la Messe célébrée le matin dans la cathédrale «de la Major» et, en fin d’après-midi, à l’occasion de l’Eucharistie présidée dans la basilique du Sacré-Cœur.
«La liturgie de l’Eglise, pour nous faire contempler le Sacré-Cœur, nous donne d’entendre une parabole de saint Luc qui manifeste l’attitude de Jésus bon Pasteur» à l’égard de l’unique brebis perdue, a dit le secrétaire d’Etat en commentant les lectures dans la cathédrale. En effet, a-t-il expliqué en actualisant le contenu à la lumière du magistère du Pape François, elle revêt une signification particulièrement adaptée dans une ville comme Marseille, «porte de l’Orient et porte de l’Occident, européenne et méditerranéenne à la fois», dont les habitants sont appelés à une généreuse ouverture, qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, est capable de créer de nouvelles synthèses culturelles, en surmontant les méfiances malsaines et en intégrant les différences. Car «le Cœur du Christ ne peut pas rester indifférent face à la souffrance, et le nôtre non plus. Il nous invite à agir vite, à soulager, à panser et à soigner les blessures de nos frères, à rechercher la paix et la justice sociale en gardant comme seule boussole le Cœur divin et humain de Jésus». Un thème relancé également dans la célébration dans la basilique du Sacré-Cœur, en présence de Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France. En reproposant la parabole de la «brebis égarée», le cardinal Parolin a rappelé les «mille ruisseaux de sainteté » qui ont contribué à la diffusion de la dévotion au Sacré-Cœur: de saint Bonaventure à saint Albert le Grand, de sainte Gertrude à sainte Catherine de Sienne, de saint Pierre Canisius à saint François de Sales, puis sainte Marguerite-Marie Alacoque, avec les apparitions de Paray-le-Monial, saint Claude de la Colombière, le Pape Pie xi avec l’encyclique Miserentissimus Redemptor, de 1928.
Un troisième temps de la visite a été l’intervention qui s’est conclue par la prière au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde, où le cardinal a rencontré le clergé, les personnes con-sacrées, les agents de la pastorale et les laïcs engagés dans l’archidiocèse. Il a souligné que «d’ici», on peut voir «les bateaux amener de la Grèce antique ces Phocéens qui furent accueillis par la population locale» au septième siècle avant J-C. «Le récit du mariage de la fille du roi celte avec le marin grec venu de loin nous rappelle que la naissance de la ville de Marseille» évoque «un accueil qui n’a pas craint la rencontre de cultures différentes». Au point que «si nous continuons de scruter la mer», on peut également imaginer l’arrivée des premiers évangélisateurs qui ont apporté «la foi dans les tout débuts du christianisme», en créant «une communauté de martyrs, de saints, de moines, de théologiens»: de Lazare, le saint patron, aux saints Victor et Jean Cassien, de l’évêque Eugène de Mazenod aux bienheureux Marie Deluil-Martiny et Jean-Baptiste Fouque. Puis, de Marseille, «les chrétiens ont remonté le Rhône», faisant de la ville «une base de départ pour l’évangélisation» de l’Europe. Et, par la suite, «combien de bateaux sont partis du port de Marseille pour emporter des missionnaires en Afrique et en Asie». Voilà pourquoi «la ville mérite sa devise: “elle resplendit par ses hauts faits”».
Le cardinal Parolin a ensuite analysé les défis actuels de l’Eglise marseillaise: de la mission à la fraternité. Et, indiquant un modèle en Charles de Foucauld, il a exhorté à la collaboration entre les hommes et les -femmes de bonne volonté dans l’engagement en vue de l’intégration, l’éducation, la justice sociale, la liberté et la paix. «La ville et le diocèse de Marseille donnent un exemple de collaboration dans ce domaine, qui s’est concrétisée en 2020 dans la réunion de Bari, puis en février dernier dans celle de Florence». Et ainsi, également grâce à Marseille, a-t-il conclu, «les évêques et les élus des villes du pourtour méditerranéen se sont engagés dans un processus de dialogue et de collaboration en faveur de la paix et du développement dans un contexte de conflits, de migration massive, de pauvreté, de défi écologique».