Mgr Paul Richard Gallagher a conclu dimanche 22 mai sa visite de trois jours en Ukraine, au cours de laquelle il s’est rendu notamment à Lviv, Kiev et a prié devant les fosses communes de Boutcha. Tout en reconnaissant le droit de l’Ukraine à se défendre, le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats met en garde contre une relance de la course aux armements.
Il est encore tôt pour parler de paix et de réconciliation, mais «le dialogue diplomatique et politique» reste la seule issue possible au conflit, estime Mgr Paul Richard Gallagher dans un entretien à Radio Vatican au terme de sa visite de trois jours. Il y a de la place pour un engagement diplomatique, assure-t-il, en redisant la disponibilité du Saint-Siège et du Pape pour œuvrer à la résolution du conflit.
Tout au long de ses déplacements, les Ukrainiens rencontrés ont exprimé leur appréciation pour la sensibilité du Saint-Père à l’égard de leurs souffrances. La visite a également été riche d’émotions, lors des rencontres avec des familles traumatisées, des enfants qui vivent dans la peur, ou encore la rencontre avec un prêtre orthodoxe à Boutcha lui racontant les jours terribles que la population a traversés, et les cadavres qui jonchaient les rues. «Nous avons besoin de la présence du Christ pour guérir ces blessures» déclare Mgr Gallagher. «C’est le seul moyen de sécher les larmes de ce peuple», ajoute-il, décrivant les Ukrainiens comme «un peuple blessé, un peuple à la fois très courageux et très déterminé».
Le prélat souligne également le caractère fondamental d’une forme d’unité entre les Eglises chrétiennes présentes en Ukraine, et combien il est important que chacun s’attache à travailler pour l’unité du pays en évitant toutes sortes de querelles, de rivalités et de rancœurs. «Nous avons vu et nous avons aussi entendu de la part des autorités une grande reconnaissance pour tout le travail que l’Eglise a fait ici en Ukraine», ajoute-t-il, que ce soit sur le plan spirituel ou humanitaire.
Mgr Gallagher appelle enfin la communauté internationale à rester proche de l’Ukraine et de ses habitants, même si le conflit perdure. «L’Ukraine doit se défendre et pour ce faire, elle doit recevoir de l’aide, y compris militaire», estime le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats, mais il doit «y avoir une certaine proportionnalité, parce que relancer la course aux armements, en Europe, dans le monde, n’est pas convenable», avertit-il.
A l’issue de son entretien avec le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, Mgr Gallagher, avait donné une conférence de presse à Kiev, vendredi 20 mai, lors de laquelle il a renouvelé la proximité du Pape aux Ukrainiens, et rappelé combien le Saint-Siège persévérait dans ses efforts pour restaurer la paix. Au cours de cette allocution, Mgr Paul Richard Gallagher a commencé par évoquer les circonstances de sa visite prévue de longue date dans le pays. «En temps de paix, elle serait axée sur les éléments positifs des relations bilatérales entre le Saint-Siège et l’Ukraine, d’autant que cette année 2022 marque le 30e anniversaire de nos relations diplomatiques. Ayant été établies le 8 février 1992, nos relations ont été positives tout au long de cette période mais se sont intensifiées, en particulier au cours de la dernière décennie», a déclaré le diplomate britannique, satisfait des interactions diplomatiques avec Kiev ces dernières années.
Il a rappelé les différentes visites bilatérales ayant ponctuées ces relations: celle du président Volodymyr Zelensky le 8 février 2020 au Vatican, celle du premier ministre Denis Shmyhal le 25 mars 2021 au Vatican, ainsi que celle du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège à Kiev, du 23 au 25 août 2021, à l’occasion du 30e anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine.
A ces visites s’ajoutent les échanges de lettres et d’appels téléphoniques entre le Saint-Père et le président Zelensky, qui ont pris «une importance accrue dans le triste contexte» de la guerre dans le Donbass ces dernières années et de la guerre en Ukraine depuis février.
Mgr Gallagher a renouvelé la proximité du Saint-Siège et du Pape François avec le peuple ukrainien, en particulier à la lumière de l’agression de la Russie contre l’Ukraine. «Je vous assure que le Saint-Père et ses plus proches collaborateurs, dont je fais partie, souffrent énormément des nombreux morts, des violences de toutes sortes, de la dévastation des villes et des infrastructures, de la séparation de tant de familles, et des millions de personnes déplacées et de réfugiés», a-t-il relevé.
Le diplomate du Saint-Siège a expliqué «la “limite” des tentatives humaines pour trouver des moyens immédiats de mettre fin à ce conflit insensé», assurant que la foi en Dieu et en l’humanité oblige cependant à persévérer dans la poursuite de la paix par la prière, les paroles et les actes et à ne pas succomber facilement à ces énormes défis.
Sa visite s’inscrit dans la continuité de l’attention particulière que le Pape porte à l’Ukraine, comme en témoigne l’envoi du cardinal Konrad Krajewski, aumônier apostolique, et du cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral.
Mgr Gallagher a estimé que sa rencontre avec les autorités gouvernementales et municipales du pays, ainsi que la rencontre avec certains représentants religieux et les personnes gravement touchées par le conflit, lui ont permis «de toucher les blessures du peuple ukrainien et d’entendre leur plaidoyer passionné pour la paix».
Par l’intermédiaire du secrétaire pour les relations avec les Etats, le Saint-Siège réaffirme ainsi sa volonté d’aider un véritable processus de négociation, qu’il considère comme la juste voie pour une résolution juste et permanente.