Dans l’après-midi du 18 avril, le Pape François a rencontré sur la place Saint-Pierre cent mille adolescents des diocèses italiens, à l’occasion d’un pèlerinage à Rome promu le Lundi de l’Ange par le service national pour la pastorale des jeunes de la conférence épiscopale italienne ( cei ) sur le thème #Seguimi. Avec eux étaient présents des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, des éducateurs et des responsables d’associations, de mouvements et de communautés. Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le Pape au cours de la veillée de prière par laquelle s’est conclu le rendez-vous.
Chers garçons et filles, bienvenue!
Merci d'être ici! Cette place attend depuis longtemps d'être remplie par votre présence, vos visages, votre enthousiasme. Il y a deux ans, le 27 mars, je suis venu ici seul pour présenter au Seigneur la supplication du monde frappé par la pandémie. Peut-être que ce soir-là, vous aussi étiez chez vous devant la télévision en train de prier avec vos familles. Deux ans se sont écoulés avec la place vide et il est arrivée à la place ce qui nous arrive quand nous jeûnons: nous avons envie de manger et, quand nous allons manger après le jeûne, nous mangeons plus; c'est pourquoi elle s'est davantage remplie: la place elle aussi a souffert du jeûne et maintenant, elle est pleine de vous! Aujourd'hui, vous tous, vous êtes ensemble, venus d'Italie, dans l'étreinte de cette place et dans la joie de la Pâque que nous venons de célébrer.
Jésus a vaincu les ténèbres de la mort. Malheureusement, les nuages qui assombrissent notre époque sont encore denses. En plus de la pandémie, l'Europe connaît une guerre terrible, tandis que les injustices et les violences se poursuivent dans de nombreuses régions de la Terre qui détruisent l'humanité et la planète. Ce sont souvent les jeunes de votre âge qui paient le prix le plus élevé: non seulement leur existence est compromise et rendue précaire, mais leurs rêves d'avenir sont piétinés. Un grand nombre de vos frères et sœurs attendent encore la lumière de -Pâques.
Le récit de l'Evangile que nous avons entendu commence précisément dans l'obscurité même de la nuit. Pierre et les autres prennent les barques et vont pêcher — et ils n'attrapent rien. Quelle déception! Quand on met tant d'énergie à réaliser nos rêves, quand on investit tant de choses, comme les apôtres, et que rien ne se passe... Mais quelque chose d'étonnant se produit: au lever du jour, un homme apparaît sur le rivage, qui était Jésus. Il les attendait. Et Jésus leur dit: «Là, à droite, il y a les poissons». Et le miracle de nombreux poissons se produit: les filets sont remplis de poissons.
Cela peut nous aider à penser à certains moments de notre vie. Parfois, la vie nous met à l'épreuve, nous fait toucher du doigt nos fragilités, nous fait nous sentir nus, impuissants, seuls. Combien de fois durant cette période vous êtes-vous sentis seuls, loin de vos amis? Combien de fois avez-vous eu peur? N'ayez pas honte de dire: «J'ai peur du noir!». Nous avons tous peur du noir. Les peurs doivent être dites, les peurs doivent être exprimées afin de pouvoir les chasser. Rappelez-vous ceci: les peurs doivent être dites. A qui? Au père, à la mère, à l'ami, à l'amie, à la personne qui peut vous aider. Elles doivent être mises en lumière. Et quand les peurs, qui sont dans les ténèbres, vont dans la lumière, la vérité éclate. Ne vous découragez pas: si vous avez peur, mettez-là à la lumière et cela vous fera du bien!
Les ténèbres nous mettent en crise; mais le problème est de savoir comment je gère cette crise: si je la garde uniquement pour moi, pour mon cœur, et que je n'en parle à personne, ça ne marche pas. Dans les crises, il faut parler, parler à l'ami qui peut m'aider, à mon père, à ma mère, mon grand-père, ma grand-mère, à la personne qui peut m'aider. Les crises doivent être éclairées pour les surmonter.
Chers garçons et filles, vous n'avez pas l'expérience des grands, mais vous avez quelque chose que nous, les grands, avons parfois perdu. Par exemple: au fil des années, nous, adultes, avons besoin de lunettes, car nous avons perdu la vue ou parfois nous devenons un peu sourds, nous avons perdu l'ouïe... Ou bien parfois, l'habitude de la vie nous fait perdre «le flair»; vous avez «le flair». Et ne perdez pas cela, s'il vous plaît! Vous avez le flair pour la réalité, et c'est une bonne chose. Le flair que Jean avait: dès qu'il a vu cet homme-là qui disait: «Jetez les filets à droite», son flair lui a dit: «C'est le Seigneur!». C’était le plus jeune des apôtres. Vous avez du flair: ne le perdez pas! Le flair de dire «cela est vrai — cela n’est pas vrai — cela ne va pas»; le flair pour trouver le Seigneur, le flair pour la vérité. Je vous souhaite d'avoir le flair de Jean, mais aussi le courage de Pierre. Pierre était un peu «spécial»: il a renié Jésus trois fois, mais dès que Jean, le plus jeune, dit: «C'est le Seigneur!», il se jette à l'eau pour trouver Jésus.
N'ayez pas honte de vos élans de générosité: que le flair vous conduise à la générosité. Jetez-vous dans la vie. «Eh, Père, mais je ne sais pas nager, j'ai peur de la vie!»: vous avez quelqu'un qui vous accompagne, cherchez quelqu'un pour vous accompagner. Mais n'ayez pas peur de la vie, s'il vous plaît! Ayez peur de la mort, de la mort de l'âme, de la mort de l'avenir, de la fermeture du cœur: ayez peur de cela. Mais de la vie, non: la vie est belle, la vie doit être vécue et donnée aux autres, la vie doit être partagée avec les autres, pas refermée sur elle-même.
Je ne voudrais pas m'étendre trop, je voudrais juste dire qu'il est important que vous alliez de l'avant. Les peurs? Illuminez-les, dites-les. Le découragement? Vainquez-le avec le courage, avec quelqu'un qui vous aide. Et le flair de la vie: ne le perdez pas, car c'est une belle chose.
Et, dans les moments difficiles, les enfants appellent leur mère. Nous aussi nous appelons notre mère, Marie. Elle avait — soyez attentifs — presque votre âge lorsqu'elle accepta sa vocation extraordinaire d'être la mère de Jésus. C’est beau: votre âge, plus ou moins... Qu’Elle vous aide à répondre avec confiance à votre «Me voici!» au Seigneur: «Je suis ici, Seigneur: que dois-je faire? Je suis ici pour faire le bien, pour bien grandir, pour aider les autres avec mon flair». Que la Vierge, la mère qui avait presque votre âge lorsqu'elle reçut l'annonce de l'ange et tomba enceinte, vous apprenne à dire: «Me voici!». Et ne pas avoir peur. Courage, et allez de l’avant!
Après la bénédiction le Pape a ajouté:
Que Jésus Ressuscité soit la force de votre vie: allez en paix et soyez heureux, vous tous: dans la paix et dans la joie!