A l’entrée triomphale à Jérusalem, la foule acclame Jésus dans un élan aussi spontané qu'éphémère. Dans la foule on suit. Jésus nous interpelle toujours personnellement: «Et toi que dis-tu, qui dis-tu que je suis, que veux-tu que je fasse pour toi?» Etre responsable, c'est répondre personnellement. Au moment de la passion, il semble que la foule a changé de camp. Le texte ne dit pas si ce sont les mêmes qui criaient «Hosanna au fils de David», et crient maintenant «à mort». Quant aux disciples, ils sont dispersés: Pierre renie trois fois, seules les femmes restent là. Jésus est seul. Ce récit nous dit que Dieu nous aime passionnément, au point de se dépouiller de sa divinité, nous dit la lettre de Paul aux Philippiens. Passionnément et même à la folie car donner sa vie comme ça pour nous peut nous sembler fou: on ne peut pas aimer davantage. Entre les trois lectures, il y a un fil commun, c'est la figure du serviteur. On appelle le texte d'Isaïe le «chant du serviteur» et Paul nous dit que Jésus s'est dépouillé du rang qui l’égalait à Dieu pour prendre la place du serviteur: la figure de l'amour fou de Dieu pour nous est celle du serviteur. Et il appelle de notre part une réponse qui soit à la hauteur, c'est à dire au plus bas. L'amour de Dieu est invitation à nous mettre au service. Et cela, ce n'est pas du ressort de la foule. Une foule acclame, conspue, mais ne se met pas au service. Une foule peut se mettre aux ordres, s'asservir, laisser sa liberté en gage à l'idole, au chef, au leader. Mais l'amour appelle une réponse libre et personnelle, dans le sillage de Celui qui a ouvert un passage devant nous. Le service est tout sauf l'asservissement, il est la liberté absolue de celui qui s'abaisse par amour. Au moment d’entrer dans la semaine sainte, qui culmine avec le triduum pascal, sommet de la liturgie et de la vie chrétienne, réalisons que la seule juste place dont le seul Maître nous a donné l’exemple, c’est la dernière, qu’on se dispute rarement.
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu, mes morts et l’Eternité
Chaque jour, je vis ma mort; en ces moments tristes et solennels,
je donne sens à ma vie, accueille le Pardon de l'Eternel
et fuis une âme défigurée, même si la loi l'autorise;
heures de confiance en Notre Père, Son Amour me sécurise.
Etre apôtre, un don, une lutte
J'accepte tous mes combats, me recueille afin de les gagner;
vivre, c’est lutter, renaître et t’ouvrir à ton humanité;
souvent, dans l’adversité, je livre bataille sans rechigner,
trouve, dès ici-bas, la vraie Vie: recevoir la Trinité.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 10 avril, Dimanche des Rameaux
Première lecture: Is 50, 4-7
Psaume: 21
Deuxième lecture: Ph 2, 6-11
Evangile: Lc 22, 14 - 23, 56
Bruno Lachnitt*