Le chapitre 15 de Luc répond aux murmures des pharisiens et scribes: «Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux». Pourtant Luc dit que «les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de lui pour l’écouter». Il raconte alors trois paraboles parallèles par le schéma: «perdu» et «retrouvé». Les deux premières évoquent le bon sens, n’importe qui ferait pareil, et se terminent par la fête qui fait signe du côté de «la joie chez les anges de Dieu». La troisième raconte une histoire qui finit sur un trouble-fête. Le plus jeune de deux fils revendique la part de bien qui doit lui revenir. L’héritage ayant fondu, plus possible de faire machine arrière. Or le père peut garantir le pain, mais pourrait-il soudain manquer au moment où le pain manque? En concevant d’être traité «comme un de [ses] ouvriers», c’est en vérité qu’il revient vers son père. Ici la pointe est du côté du père qui pris de pitié, court se jeter à son cou. La relation restaurée est totale gratuité, que l’indignité reconnue par le fils le met en position d’accueillir. «Et ils se mirent à festoyer». L’aîné, lui, a des mérites à faire valoir, donc incapable d’accueillir un don gratuit. Mais ne peut-il le comprendre? «Lequel d’entre vous…, quelle femme…?», n’importe qui ferait pareil, nous avons été avertis! S’il y a de la joie chez les anges de Dieu, il est malheureux d’être trouvé en position de trouble-fête. Quand la relation au Père est mensonge, la relation au frère est jalousie. Mais c’est déjà la jalousie qui conduit à penser qu’on est choisi parce qu’on vaut mieux que les autres. Pour en sortir, il faut un pauvre type qui sache accueillir une gratuité sans illusions sur ses mérites. Ici, ce sont des collecteurs d’impôts et des pécheurs qui «s’approchaient tous de lui pour l’écouter». C’est notre relation au Père et à nos frères qui est interrogée. Ma fidélité me donne-t-elle l’illusion d’accumuler des mérites qui me rendent imperméable à la grâce?
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Hier, j’étais impie
Depuis ma naissance, j’étais très loin de Dieu,
une vie vaincue,
esclave d’une liberté sans limites
et sans interdiction.
Notre Père attendait mon retour;
un jour de bénédiction,
j’ai dit Oui, Il m’a embrassé;
Sa Joie, l’Eglise l’a vécue.
Dieu, l’Eglise et l’impie
Pour toi, Dieu est mort, tu es l’esclave
d’idoles auréolées,
tu te coupes de la source, ta foi, ton vrai Je
en Jésus Christ.
J’espère ton retour dans l’Eglise,
une réponse à ton cri;
un jour te répondra; ton Père ne cesse de t’appeler.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 27 mars, iv e de carême
Première lecture: Jos 5, 9. 10-12
Psaume: 33
Deuxième lecture: 2 Co 5, 17-21
Evangile: Lc 15, 1-3. 11-32.
Bruno Lachnitt*