«Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres…?». La question peut nous paraître choquante. Les victimes de catastrophes ou d’attentats ne manquent pas autour de nous et il peut être tentant de trouver aux dépens des victimes une explication rationnelle à ce qui n’en a pas, ce sur quoi la raison bute. Ou bien tentant de disqualifier Dieu: s’il existait, cela n’arriverait pas! Quand nous sommes touchés dans notre chair, les belles paroles ne résistent guère. Nous rêvons d’un Dieu tout-puissant comme un magicien qui réparerait tout, un justicier qui casserait la figure aux méchants, surtout si ce sont les autres... Qui donc est Dieu? Au chapitre 9 de Luc, verset 51, s’est opéré un tournant décisif: «Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit résolument la route de Jérusalem», ce dont il parlait dimanche dernier avec Moïse et Elie. Et un peu plus loin Jésus déclare: «Il faut que je continue ma route aujourd'hui, demain et le jour suivant, car il n'est pas possible qu'un prophète meure en dehors de Jérusalem». C'est dans ce contexte de la radicalité du choix décisif qu’il a fait, qu'il faut entendre: «Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière». Mais la pointe de la parabole du figuier est du côté de la patience: «Laisse-lui encore cette année». Qui est ce vigneron? Au chapitre 11 du livre de la Sagesse on lit: «Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu'ils se convertissent». La toute-puissance de Dieu fait signe du côté de la miséricorde. Nous sommes comme le figuier et ce temps de carême nous est laissé pour produire les fruits attendus, bêcher et mettre du fumier. Demandons cette grâce de nous laisser toucher par la misère de ceux dont le malheur interroge la toute-puissance de Dieu, de devenir les instruments de sa miséricorde, de révéler en actes que Dieu libère et fait grâce.
*Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Se convertir, devenir Je
Jésus Christ m’invite à vivre pleinement,
à être transformé;
mon existence est un présent changeant et estimé;
je deviens vraiment mon Je,
si j’accueille mes conversions,
grandis, grâce à un quotidien vécu sans restriction.
Mes conversions fertilisent mon arbre
Parfois, je t’offre peu de secours,
ne suis pas assez amour;
Dieu, en mon cœur, m’attend,
Il est Patience et Compassion.
Mon avenir est ouvert, dépend de mes conversions;
elles sont actes de charité, fertilisent mon arbre, chaque jour.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 20 mars, iii e de carême
Première lecture: Ex 3, 1-8. 13-15
Psaume: 102
Deuxième lecture: 1 Co 10, 1-6. 10-12
Evangile: Lc 13, 1-9.
Bruno Lachnitt*