Une exhortation à «maintenir vive l’indignation» devant toutes les formes d’«esclavage et d’exploitation» — parce que «la violence subie par chaque femme et chaque petite fille est une blessure profonde qui touche également chacun de nous» — est contenue dans le message vidéo du Pape François pour la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, qui a été célébrée le 8 février, mémoire de sainte Joséphine Bakhita. Nous publions ci-dessous le texte du message.
Chères sœurs et chers frères!
J’adresse mon salut et mes remerciements aux organisateurs de la journée mondiale de prière et de ré-flexion contre la traite des personnes, promue par l’Union internationale des supérieures générales et par l’Union des supérieurs généraux. Un remerciement spécial au groupe Talitha Kum qui coordonne l’initiative en collaboration avec de nombreuses organisations locales et internationales.
Le thème de cette année est: «La force du soin. Femmes, économie et traite de personnes». Il nous invite à considérer la condition des femmes et des petites filles, soumises à de multiples formes d’exploitation, notamment à travers les mariages forcés, l’esclavage domestique et du travail. Les milliers de femmes et de petites filles victimes chaque année de la traite dénoncent les conséquences dramatiques de modèles de relations fondés sur la discrimination et la soumission. Et ce n’est pas une exagération: des milliers!
L’organisation des sociétés dans le monde entier est encore loin de refléter clairement le fait que les femmes ont la même dignité et les mêmes droits que les hommes. On constate malheureusement que «doublement pauvres sont les femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence, parce que, souvent, elles se trouvent avec de plus faibles possibilités de défendre leurs droits» (Enc. Fratelli tutti, n. 23).
La traite des personnes, à travers l’exploitation domestique et sexuelle, renvoie de manière violente les femmes et les filles à leur supposé rôle de subordonnées à la fourniture de services domestiques et sexuels, à leur figure de pourvoyeuses de soins et de dispensatrices de plaisir, ce qui repropose un modèle de relations marquées par le pouvoir du sexe masculin sur le sexe féminin. Aujourd’hui encore, et à un niveau élevé.
La traite des personnes est une violence! La violence subie par chaque femme et chaque fillette est une blessure ouverte sur le corps du Christ, dans le corps de l’humanité tout entière, c’est une blessure profonde qui touche également chacun de nous.
De nombreuses femmes ont le courage de se rebeller à la violence. Nous aussi, les hommes, sommes appelés à le faire, à dire non à toute forme de violence, y compris celle contre les femmes et les petites filles. Et ensemble, nous pouvons et devons lutter pour que les droits de l’homme soient déclinés de manière spécifique, dans le respect de la diversité et dans la reconnaissance de la dignité de chaque personne, avec une attention particulière pour ceux dont les droits fondamentaux ont été -violés.
Sainte Bakhita nous montre le chemin de la transformation. Sa vie nous dit que le changement est possible lorsque nous nous laissons transformer par l’attention que Dieu porte à chacun de nous. C’est le soin de la miséricorde, c’est le soin de l’amour qui nous change profondément et nous rend capables d’accueillir les autres comme des frères et des sœurs. Reconnaître la dignité de chaque personne est le premier acte de soin. C’est le premier acte de soin: reconnaître la dignité. Et prendre soin fait du bien à tous, à qui donne et à qui reçoit, parce que ce n’est pas une action dans une seule direction, mais elle engendre la réciprocité. Dieu a pris soin de Joséphine Bakhita, il l’a accompagnée dans le processus de guérison des blessures causées par l’esclavage, jusqu’à rendre son cœur, son esprit et ses entrailles capables de réconciliation, de liberté et de ten-dresse.
J’encourage toutes les femmes et toutes les petites filles qui s’engagent dans la transformation et le soin, à l’école, dans les familles et dans la société. Et j’encourage tous les hommes et les jeunes hommes à ne pas rester à l’écart de ce processus de transformation, en rappelant l’exemple du Bon Samaritain: un homme qui n’a pas honte de se pencher sur son frère et de prendre soin de lui. Prendre soin est l’action de Dieu dans l’histoire, dans notre histoire personnelle et dans notre histoire en tant que communauté. Dieu a pris soin et prend constamment soin de nous. Prendre soin ensemble, hommes et femmes, est l’appel de cette journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite: ensemble, nous pouvons faire croître une économie du soin et lutter de toutes nos forces contre toute forme d’exploitation de la traite des personnes.
Chers frères et sœurs, je sais que vous êtes nombreux à participer à cette journée de prière et de ré-flexion, venant de divers pays et de diverses traditions religieuses. J’exprime à tous ma gratitude et mon encouragement: poursuivons la lutte contre la traite des personnes et contre toute forme d’esclavage et d’exploitation. Je vous invite tous à maintenir vive l’indignation — maintenir vive l’indignation! — et à trouver chaque jour la force de vous engager avec détermination sur ce front. N’ayez pas peur de l’arrogance de la violence, non; ne cédez pas à la corruption de l’argent et du pouvoir.
Merci à tous et allez de l’avant, ne vous découragez pas! Que Dieu vous bénisse, ainsi que votre travail. -Merci!