Dans ce passage inaugural, Luc pose le décor de ce qui va se jouer au long de l’Evangile: le salut manifesté à ceux qui sont dans la marge et l’accueillent, la jalousie de ceux qui croient que l’élection est un privilège dont ils sont propriétaires et le projet de mettre à mort celui qui vient déranger leurs certitudes.
L’élection c’est dérangeant. C’est le mystère du peuple d’Israël, le plus petit parmi les peuples, dit la Bible, choisi parmi les nations. Ou David, le plus petit parmi les fils de Jessé, si petit qu’on l’a même oublié, quand le prophète annonce qu’un de ses fils est choisi par Dieu. Dieu choisi celui dont aucun mérite ne justifie le choix. C’était la Parole d’Isaïe lue dimanche dernier qui annonce la bonne nouvelle aux pauvres, aux captifs la délivrance, aux aveugles le retour à la vue, la liberté aux opprimés, une année de grâce du Seigneur. Mais l’élu a vite fait de penser que s’il a été choisi, c’est parce qu’il est mieux que les autres. C’est la jalousie, c’est la racine du péché. Alors dans l’Evangile, surgit le salut à la marge: au temps du prophète Elie, il ne manquait pas de veuves en Israël, pourtant, c’est vers une étrangère qu’il a été envoyé; et au temps du prophète Elisée, il ne manquait pas de lépreux en Israël, et pourtant c’est bien Naaman le Syrien qui a été purifié.
Cela déclenche une colère meurtrière. Au fil de l’Evangile le salut fait irruption du côté des publicains, des prostituées, des pécheurs, et c’est insupportable pour les pharisiens, les scribes et les autorités religieuses qui voudront faire taire cette manifestation de la gratuité de la grâce de Dieu.
Aujourd’hui passant au milieu d’eux Jésus va son chemin au bout duquel la croix se dessine déjà. Rendez-vous est pris.
Face à la jalousie de ceux qui pensent qu’ils sont choisis parce qu’ils sont mieux que les autres, il faut espérer trouver un pauvre type qui sache accueillir une gratuité sans illusion sur lui-même. Heureux serons-nous, si nous sommes celui ou celle-là!
*Aumônier des prisons de France et d’Outre-Mer
La Parole, la Cité et moi
Je chasse Jésus de la Cité, si j’écarte Dieu de mes œuvres,
si je me soumets aux modes du temps, ses faux chef-d’œuvre!
J’accueille la Parole de Dieu, en mon âme; Elle me rend lumineux;
Son Esprit est dans mes joies et mes pleurs, Il me rend heureux!
Etre un frère universel
Ma charité, mon cœur universel, franchit les frontières
mon humanité renverse, explose les barrières sociales,
est à l’amour une divine étincelle, une âme altière;
tout homme mérite une réponse cordiale, une écoute pastorale
Frank Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 30 janvier, iv e du Temps ordinaire
Première lecture: Jr 1, 4-5.17-19
Psaume: 70
Deuxième lecture: 1 Co 12, 31-13, 13
Evangile: Lc 4, 21-30
Bruno Lachnitt*