L’importance du «dialogue social comme voie maîtresse vers une nouvelle culture» a été relancée par le Pape le 19 novembre au cours de l’audience aux membres de l’Académie de Suède qui assignent les prix Nobel. Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le Pape:
Mesdames et Messieurs!
Je suis heureux de vous rencontrer à nouveau, vous qui composez l’Académie suédoise. Je remercie le président pour son introduction, notamment pour avoir placé le mot dialogue au centre.
Je suis certain que vous aussi avez constaté à quel point la longue crise de la pandémie met à rude épreuve la capacité de dialoguer avec les autres. Cela est certainement dû tant aux périodes de confinement qu’au fait que toute cette situation a eu un impact sur les personnes, de façon souvent inconsciente. Chacun se découvre un peu plus distant des autres, un peu plus fermé, peut-être plus méfiant; ou simplement nous sommes moins enclins à nous rencontrer, à travailler côte à côte, avec la joie et la difficulté de construire quelque chose ensemble. La première chose est alors de prendre conscience de cette réalité, qui menace chacun de nous en tant que personnes, affaiblit notre capacité de relation, et qui appauvrit la société et le monde. Même involontairement, cette tendance risque de renforcer la culture de l’indifférence. Je suis sûr que, de votre point d’observation privilégié, vous partagez cette préoccupation. C’est ce que confirment les propos que vous venez de prononcer, Mon-sieur le président, et dans lesquels je me retrouve pleinement: «En temps de crise, chaque petit pas qui peut conduire les êtres humains à se rapprocher des autres est d’une grande importance». C’est la pratique quotidienne de la rencontre et du dialogue: un style de vie qui ne fait pas l’actualité, mais qui aide la communauté humaine à avancer, à grandir dans l’amitié sociale. L’encyclique Fratelli tutti contient un chapitre — le -sixième — consacré à ce choix: «Dialogue et amitié sociale» (nn. 198-224). Je souhaite partager avec vous, Académiciens, qui prenez pour ainsi dire le «pouls» des dynamiques culturelles, et qui attribuez les prestigieux prix Nobel, ce choix du dialogue social comme voie maîtresse vers une nouvelle culture. Le développement omniprésent des réseaux sociaux risque de remplacer le dialogue par une multiplicité de monologues, souvent aux tons agressifs (cf. n. 200). Au contraire, le dialogue social «suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre» (n. 203), avec sincérité et sans dissimulations. Dialogue n’est pas synonyme de relativisme, au contraire, une société est d’autant plus noble qu’elle cultive la recherche de la vérité et s’enracine dans des vérités fondamentales (cf. nn. 206-207); surtout lorsqu’elle reconnaît que «tout être humain possède une dignité inaliénable» (n. 213). Ce principe peut être partagé par les croyants et les non-croyants. Sur cette base, nous sommes appelés ensemble à promouvoir la culture de la rencontre. «Outillons nos enfants des armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre!» (Fratelli tutti, n. 217).
Mesdames et Messieurs, je vous remercie encore de votre visite. Que Dieu vous bénisse, ainsi que votre travail, qu’il bénisse vos proches et votre pays.