«J'ai toujours invité mes collaborateurs à adopter de façon résolue la devise: Communiquer pour unir, la communication pour construire la communion». Ceux qui ont eu la chance d'être parmi ses collaborateurs, comme l'auteur de ces lignes, se rappellent bien ce principe énoncé si souvent par le père Lombardi, affirmé plus encore par son témoignage que par les paroles. On demandait depuis longtemps et de toutes parts au jésuite, qui a guidé Radio Vatican, la salle de presse du Saint-Siège et le Centre de télévision vatican, de pouvoir rassembler dans un ouvrage ses principales interventions sur la communication, comme celle qui vient d'être citée. Un don que le père Lombardi offre à présent aux «spécialistes» et pas seulement, avec la publication de Papi, Vaticano, Comunicazione (Editions Ancora-La Civiltà Cattolica, 20 euros).
Page après page, le père Lombardi reparcourt son engagement de trente ans dans la communication vaticane (précédée par une expérience de journaliste de plusieurs années à «La Civiltà Cattolica») au service de trois Papes: Jean-Paul ii , Benoît xvi , François. Trois communicateurs extraordinaires — bien qu'avec des différences de style et de personnalité — auxquels le père Lombardi consacre la première partie du livre. Des ré-flexions approfondies sur le monde de l'information et sur les changements dans la façon de communiquer de l'Eglise s'alternent à des récits personnels et des anecdotes savoureuses sur les «coulisses» qui permettent au lecteur d'entrer dans l'expérience quotidienne, entre joies et difficultés, d’un communicateur d'exception. Le prologue du livre nous aide avant tout à comprendre ce que représente communiquer pour le jésuite, aujourd'hui président de la Fondation Ratzinger-Benoît xvi . Non pas un fait technique, et encore moins un instrument de pouvoir, mais une dimension de l'humain qui trouve sa source dans l'amour de Dieu. «La mission de Jésus — écrit le père Lombardi — est la communication. La croissance de l'humanité et de la paix a lieu à travers la communication, de Babel à la Pentecôte». De cette conviction découlent une série de postulats très concrets qui ont soutenu (et continuent de soutenir) le travail du père Lombardi dans le domaine de la communication ecclésiale.
Avec l’exhortation à communiquer pour unir, rappelée au début (et aujourd'hui plus que jamais urgente), s'ajoute l'engagement en faveur d'une communication pour la bonté, la beauté et surtout pour la vérité. Même si cela peut comporter un coût élevé, comme nous l'enseigne l'épisode douloureux des abus -sexuels dans l'Eglise. Il faut croître dans la «culture de la transparence», répète le père Lombardi. «Etre toujours vrais et directs», avertit le jésuite piémontais, «en reconnaissant les limites de nos connaissances». Dans ce contexte, le chapitre que le père Lombardi écrit sur les «attitudes et qualités du porte-parole» (avec un hommage particulier dédié à Joaquín Navarro-Valls) est particulièrement significatif. Des conseils pratiques qui peuvent être utiles à tous ceux qui sont appelés, à divers niveaux, à assumer des rôles de responsabilité dans la communication institutionnelle. «Avant tout — souligne l'ancien directeur de la salle de presse — il ne faut jamais cesser d'insister sur l'usage d'un langage clair, simple et compréhensible, pas trop abstrait ni compliqué ou spécialisé». Pour le père Lombardi, il faut voir que «le communicateur est une personne sincère, qui se met en jeu dans ce qu'elle dit, capable de transmettre des convictions et des émotions au-delà d’un langage froid et bureaucratique». Une partie importante de l'ouvrage est consacrée au service accompli par Radio Vatican (pas moins de 26 ans au palazzo Pio, [ndlr: siège de Radio Vatican ] d'abord comme directeur des programmes, puis comme directeur général). Au sein de la radio pontificale, Federico Lombardi a vécu des moments enthousiasmants et et des moments difficiles, mais il s'est toujours et inlassablement engagé afin qu'elle maintienne la mission pour laquelle elle est née il y a 90 ans: apporter la voix du Pape jusqu'aux extrémités de la Terre. Une finalité qui, au cours de près d'un -siècle, a exigé un effort technologique accompli par la Compagnie de Jésus et par ses collaborateurs, donnant vie à un amalgame qui a cimenté une forte identité de l'institution. En ce qui concerne également la longue période passée à la Radio du Pape, l'ancien directeur souligne le thème de l'unité. La communication de Radio Vatican était et devra être «une communication pour la communion, comme le souhaitait le Concile». Des paroles du père Lombardi, comme l'observe avec acuité Ferruccio De Bortolo dans la préface, on comprend que «Radio Vatican est restée un peu comme sa maison. Il s'y sent enveloppé par une familiarité protectrice. Il décrit l'évolution de la technologie avec un enthousiasme non voilé. Lui qui reste toutefois un nostalgique de Gutenberg».
Nostalgique de Gutenberg et pourtant capable de saisir et d'assumer le changement radical des langages et le développement turbulent des moyens technologiques. Toujours et quoi qu'il en soit passionné de communication, ce qui est d'ailleurs la condition nécessaire pour bien communiquer. Dans un chapitre intitulé «Bonnes nouvelles pour le monde», le père Lombardi confie au lecteur: «J'ai toujours pensé que mon service était un service exceptionnellement beau et privilégié, car j'étais au service d'une communication positive, constituée principalement de messages d'amour, d'espoir, de solidarité, de dignité des personnes, de croissance humaine, de pardon et de paix... Que pouvais-je désirer de faire de plus grand et de plus beau?». Voilà, le «secret» de son témoignage de communicateur authentique et crédible, libre et désintéressé, réside peut-être dans cette gratitude et cet esprit de service, qui constituent la marque distinctive de Federico Lombardi.
Alessandro Gisotti