Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd’hui, nous célébrons la Toussaint et dans la liturgie retentit le message «programmatique» de Jésus — à savoir les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12a). Elles nous montrent le chemin qui conduit au Royaume de Dieu et au bonheur: le chemin de l’humilité, de la compassion, de la douceur, de la justice et de la paix. Etre saints signifie marcher sur ce chemin. Arrêtons-nous maintenant sur deux aspects de ce style de vie. Deux aspects qui sont propres à ce style de vie de sainteté: la joie et la prophétie.
La joie. Jésus commence par le mot «Bienheureux» (Mt 5, 3). C’est l’annonce principale, celle d’un bonheur sans précédent. La béatitude, la sainteté n’est pas un programme de vie fait uniquement d’efforts et de renoncements, mais c’est avant tout la joyeuse découverte d’être des enfants aimés de Dieu. Et cela te remplit de joie. Ce n’est pas une conquête humaine, c’est un don que nous recevons: nous sommes saints parce que Dieu, qui est le Saint, vient habiter notre vie. C’est Lui qui nous donne la sainteté. C’est pour cela que nous sommes bienheureux! La joie du chrétien n’est pas alors l’émotion d’un instant ou un simple optimisme humain, mais la certitude de pouvoir affronter chaque situation sous le regard aimant de Dieu, avec le courage et la force qui viennent de lui. Même au milieu de nombreuses tribulations, les saints ont connu cette joie et ils en ont témoigné. Sans joie, la foi devient un exercice rigoureux et oppressant, et on risque de tomber malade de tristesse. Prenons ces paroles: tomber malade de tristesse. Un Père du désert disait que la tristesse est «un ver du cœur», qui ronge la vie (cf. Evagre le Pontique, Les huit esprits de malice, xi). Demandons-nous ceci: sommes-nous des chrétiens joyeux? Moi, suis-je un chrétien joyeux ou ne le suis-je pas? Répandons-nous la joie ou sommes-nous des gens éteints, tristes avec un visage funèbre? Souvenons-nous qu’il n’y a pas de sainteté sans joie!
Le deuxième aspect: la prophétie. Les Béatitudes s’adressent aux pauvres, aux affligés, aux affamés de justice. C’est un message à contre-courant. En effet, le monde dit que pour avoir le bonheur, vous devez être riche, puissant, toujours jeune et fort, jouir de la notoriété et du succès. Jésus renverse ces critères et fait une annonce prophétique — et cela est la dimension prophétique de la sainteté —: la véritable plénitude de vie s’obtient en suivant Jésus, en mettant sa Parole en pratique. Et cela signifie une autre pauvreté, c’est-à-dire être pauvre intérieurement, se vider de soi-même pour faire de la place à Dieu. Celui qui se croit riche, gagnant et en sécurité, fonde tout sur lui-même et il se ferme à Dieu et à ses frères, tandis que celui qui se sait pauvre et sait ne pas se suffire à lui-même reste ouvert à Dieu et au prochain. Et il trouve la joie. Les Béatitudes sont alors la prophétie d’une humanité nouvelle, d’une nouvelle manière de vivre: se faire petit et s’en remettre à Dieu, au lieu dominer les autres; être doux, au lieu d’essayer de s’imposer; pratiquer la miséricorde, plutôt que de penser seulement à soi-même; s’engager pour la justice et la paix, au lieu de nourrir, y compris avec connivence, les injustices et les inégalités. La sainteté c’est accueillir et mettre en pratique, avec l’aide de Dieu, cette prophétie qui révolutionne le monde. Nous pouvons donc nous demander: est-ce que je témoigne de la prophétie de Jésus? Est-ce que j’exprime l’esprit prophétique que j’ai reçu au baptême? Ou est-ce que je m’adapte aux conforts de la vie et à ma paresse, en pensant que tout va bien si cela va bien pour moi? Est-ce que j’apporte au monde la nouveauté joyeuse de la prophétie de Jésus dans le monde ou les plaintes habituelles pour ce qui ne va pas? Des questions que nous ferons bien de nous poser.
Que la Sainte Vierge nous donne quelque chose de son âme, cette âme bienheureuse qui a magnifié avec joie le Seigneur, qui «renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles» (cf. Lc 1, 52).
A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a ajouté les paroles sui-vantes:
Chers frères et sœurs, je vous salue de tout cœur, Romains et pèlerins. J’adresse un salut particulier aux participants à la Course des saints, organisée par la fondation «Don Bosco dans le monde». Il est important de promouvoir la valeur éducative du sport. Merci aussi pour votre initiative en faveur des enfants de la Colombie.
Demain matin, je me rendrai au cimetière militaire français de Rome: ce sera l’occasion d’une prière d’intention pour tous les morts, en particulier pour les victimes de la guerre et de la violence. En visitant ce cimetière, je m’unis spirituellement à tous ceux qui, ces jours-ci, vont prier sur les tombes de leurs proches, partout dans le monde.
Je souhaite à tous une bonne fête des saints, en compagnie spirituelle de tous les saints. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!