Apporter la Parole
Dans la matinée du lundi 24 mai, le Pape François a rendu visite aux médias du Vatican situés au Palazzo Pio, en bas de la via de la Conciliazione. A son arrivée, il a été reçu par le préfet du dicastère, M. Paolo Ruffini, le directeur éditorial, M. Andrea Tornielli, le directeur de L’Osservatore Romano, M. Andrea Monda, et le secrétaire du dicastère, Mgr Lucio Adrian Ruiz. Le Pape s’est tout d’abord rendu dans la salle de réunion de L’Osservatore Romano, où il a participé à la réunion de rédaction du jour. Etaient présents les chefs de service, ainsi que les 7 responsables des éditions en langues étrangères, qu’il a salués. Sa visite s’est poursuivie par une halte dans la chapelle du dicastère, où il a récité une prière sur le thème: «Communiquer en rencontrant les personnes où elles sont, telles qu’elles sont». Il est ensuite monté au quatrième étage, où il a prononcé les paroles suivantes au cours d’une directe radiophonique: «Merci à vous pour votre travail, pour ce que vous faites. Je n’ai qu’une seule préoccupation — il y a de nombreuses raisons de se préoccuper pour la Radio, pour L’Osservatore Romano —, une préoccupation que j’ai beaucoup à cœur: combien de personnes écoutent la Radio et combien lisent-elles L’Osservatore Romano? Car notre travail doit arriver aux personnes: il faut que le travail qui est fait ici, qui est beau, qui est grand, qui est difficile, arrive aux personnes, que ce soit à travers les traductions, ou également à travers les ondes courtes, comme vous l’avez dit… La question que vous devez vous poser est: “Combien? A combien de personnes arrive-t-il?”, car le danger existe — pour toutes les organisations — le danger d’une belle organisation, d’un beau travail, mais qui n’arrive pas là où il doit arriver… Un peu comme le récit de l’accouchement de la souris: la montagne qui accouche d’une souris… Posez-vous tous les jours cette question: à combien de personnes arrivons-nous? A combien de personnes arrive le message de Jésus à travers “L’Osservatore Romano”? C’est très important, très important!».
Le Pape a ensuite été invité à rencontrer les services techniques du dicastère, situés au premier étage, avant de se rendre dans la salle Marconi, pour rencontrer les représentants des 41 langues parlées à Radio Vatican. A cette occasion, François a remercié les personnes présentes: «Merci beaucoup pour votre travail. Je suis content, je vous ai vus tous ensemble, ici. J’ai vu cet immeuble bien organisé, et cela me plaît. L’unité du travail… La question est que ce système aussi grand et compliqué fonctionne. Il me vient à l’esprit une habitude en Argentine, lorsque quelqu’un était nommé à une charge importante, la première chose qu’il faisait était d’aller chez Nordiska, une entreprise qui aménage les locaux, sans regarder son bureau, sa table de travail, il demandait que l’on refasse tout neuf, tout parfait, beau. C’était la première décision que prenait ce ministre, ce fonctionnaire. Ensuite, cela ne fonctionnait pas. L’important est que toute cette beauté, toute cette organisation fonctionne. Fonctionner c’est avancer, marcher... Le grand ennemi du bon fonctionnement est le fonctionnalisme. Par exemple, je suis chef d’une section, je suis le secrétaire de cette section, le chef. Mais j’ai sept sous-secrétaires. Tout va bien, marche bien. Quelqu’un a une difficulté et va chez le sous-secrétaire qui doit la résoudre, celui-ci dit: “Attends un moment, je vais te répondre”. Il prend le téléphone et appelle le secrétaire… C’est-à-dire que ces sous-secrétaires ne servent à rien. Ils sont incapables de décider, incapable d’y mettre du leur. Le fonctionnalisme est mortel. Il endort une institution et la tue. Faites attention à ne pas tomber dans cela: le nombre de places, si ce bureau est beau ou n’est pas beau n’est pas important. Ce qui est important c’est qu’il fonctionne, qu’il soit fonctionnel, et pas victime du fonctionnalisme. Faites bien attention, bien attention à cela. Et quand une chose est fonctionnelle, elle aide la créativité. Votre travail est créatif, toujours, et il faut aller au-delà, au-delà, au-delà: être créatif. Cela s’appelle fonctionner. Mais si un travail est trop bien organisé, à la fin il finit emprisonné et cela n’aide pas. C’est l’unique chose que j’ai envie de vous dire en voyant une organisation aussi belle, aussi bien faite, en vous voyant tous ensemble: faites attention! Aucun fonctionnalisme. Oui à ce qui est fonctionnel au travail, celui que vous devez faire. Et pour qu’une structure soit fonctionnelle, il faut que chacun ait la liberté suffisante pour fonc-tionner. Qu’il ait la capacité de risquer et de ne pas aller demander la permission, la permission, la permissions…: cela paralyse. Fonctionnel, pas fonc-tionnaliste. Vous avez compris? Allez de l’avant et courage. Merci!».