Femmes et hommes dans l’Eglise
Dignité identique
Les défis que notre présent, dans sa complexité, nous lance ne peuvent pas être affrontés en dehors d’une lecture attentive du passé, dont ce présent naît. Toutefois, le passé ne parle pas tout seul, mais sa compréhension est toujours conditionnée par les critères herméneutiques avec lesquels nous l’approchons et qui incitent à mettre au premier plan, ou dans l’ombre, les événements, les personnes et les contextes.
Cela est particulièrement vrai dans le cas de la reconstruction de la présence des femmes dans l’histoire, qui a largement été cachée par le recours à des paradigmes machistes et androcentriques, au point de méconnaître la contribution féminine pourtant importante aux événements historiques en général et à la vie de l’Eglise en particulier.
L’une des principales contributions des gender studies est précisément de permettre un regard «autre» dans lequel aucun acteur, femme ou homme, n’est considéré comme sujet privilégié des dynamiques historiques, en portant l’attention non seulement sur les soi-disants protagonistes, mais aussi sur la trame com-plexe d’événements dont l’histoire est tissée. C’est ainsi qu’apparaissent des présences féminines importantes qui, même si elles sont minoritaires, ont pu influencer les développements de l’histoire et, dans l’Eglise, la lecture constante du message évangélique, inculturé dans des contextes pouvant être profondément différents entre eux.
A aucune approche de la Parole, historiquement conditionnée, ne peut être attribuée la même valeur absolue qui est propre à cette dernière et, sans renier le passé, il est donc cependant nécessaire de revenir à l’annonce originelle et de l’assumer comme critère discriminant pour lire aujourd’hui la présence et les rôles des femmes dans le monde et dans l’Eglise. A cet égard également, le recours aux gender studies peut résulter fécond, parce qu’il éloigne le danger de considérer comme fondé directement sur la Parole ce qui, en revanche, est un apport de l’histoire et de ses dynamiques. Il s’agit donc d’activer une double attention: d’une part, le regard doit se tourner vers le message fondateur et, de l’autre, vers ceux qui sont les «signes des temps» qui, à la lumière du premier, doivent être interprétés et évalués.
En se concentrant sur la communauté ecclésiale actuelle et en la comparant à celle des disciples de Jésus, naît immédiatement une interrogation, car on se demande si, aujourd’hui, on peut réellement parler d’un discipolat d’égaux, femmes et hommes, rassemblés par l’identique dignité baptismale. Il ne s’agit pas ici, principalement, de l’attribution des rôles et des fonctions, qui sont pourtant importants, mais, tout d’abord, de la reconnaissance de la présence des femmes, qui, de fait, est considérable et significative dans la communauté.
La référence à la dignité baptismale identique, des hommes et des femmes, unie à la considération de la signification théologique du baptême, fournit un instrument pour évaluer la correspondance de la situation ecclésiale actuelle au mandat des origines et, dans ce sens, on peut pénétrer en profondeur la portée de la très récente admission des femmes aux ministères du lectorat et de l’acolytat. Il ne s’agit pas tant, en effet, de l’attribution aux femmes de nouvelles fonctions, que, plutôt, de l’institutionnalisation de ce que celles-ci, depuis long-temps déjà, accomplissent au service des communautés.
Dans ce cas, la valorisation est en réalité double car -elle concerne non seulement les femmes, mais aussi le baptême lui-même comme sacrement d’initiation à la vie chrétienne, sans aucune distinction entre les fidèles, qui sont incorporés dans l’Eglise par celui-ci. La portée théologique et anthropologique de la différence entre la femme et l’homme n’est pas ici mise en discussion, car aussi bien la première que le second exerceront leur ministère sur la base de leur personnalité spirituelle et à partir de leur sensibilité particulière, mais on reconnaît à tous les deux le même enracinement baptismal du ministère exercé, ce qui a besoin d’être souligné sans cacher l’importance de l’apport des femmes à la vie de l’Eglise.