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Les évêques ne participeront pas à la transition politique

Haïti en ruines et en cendres

 Haïti en ruines et en cendres  FRA-012
21 mars 2024

Encourageant les «efforts de tous les secteurs et de toutes les forces vices de la Nation», les évêques haïtiens ont affirmé dans un communiqué publié lundi 18 mars qu'ils n'enverront pas de représentants de l'Eglise catholique au Conseil présidentiel. Programmé en Jamaïque, lors d'une réunion d'urgence en présence de représentants haïtiens, de la Communauté des Caraïbes, de l' onu et de plusieurs pays, ce Conseil sera chargé d'assurer la transition politique en Haïti, après la démission du Premier ministre Ariel Hen-ry. Il devrait être composé des différentes forces politiques du pays mais également de la société civile.

L'Eglise haïtienne justifie sa décision de se tenir en retrait, par la nécessité de «garder la distance morale qui lui permet de remplir sa mission prophétique». Les évêques souhaitent néanmoins que «les pourparlers en cours débouchent sur une véritable entente patriotique inclusive et durable dans l’intérêt de tout le peuple haïtien».

La vie des Haïtiens se trouve aujourd'hui suspendue à cette éventuelle transition politique. Pour le moment, le Conseil présidentiel n'est pas formé. En attendant, la violence se poursuit dans les départements de l'Ouest, malgré l'état d'urgence décrété le 3 mars dernier. 80% de la capitale est aujourd'hui sous contrôle de gangs, qui sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, et enlèvements contre rançons.

Dans leur communiqué, les évêques haïtiens appellent à «cesser les actes qui visent à réduire Haïti en ruines et en cendres». Une exhortation adressée à chaque citoyen: «Nous invitons tous les Haïtiens sans dis-tinction à ne pas alimenter la violence, car “la violence engendre la violence, la haine engendre plus de haine et la mort plus de mort”». Les dix évêques restent portés par l'espérance comme en témoigne l'intitulé de leur message: «On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, de ravages ni de ruines dans tes frontières», tirée du livre d’Isaïe (60, 18). Dimanche à l’Angelus, le Pape partageait leur «rêve d'un pays sans violence». (Jean-Benoît Harel).