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Audience au colloque «Réparer l’irréparable» à l'occasion du 350 e anniversaire des apparitions de Jésus à Paray-le-Monial

Le monde connaît de nombreux abus contre la dignité de la personne

 Le monde connaît de nombreux abus contre la dignité de la personne  FRA-019
08 mai 2024

«Combien de larmes coulent encore sur les joues de Dieu alors que notre monde connaît nombre d’abus contre la dignité de la personne, y compris au sein du Peuple de Dieu». C'est ce qu'a déclaré le Souverain Pontife aux participants au colloque «Réparer l'irréparable» organisé à l'occasion du 350e anniversaire des apparitions de Jésus à Paray-le-Monial. En les recevant en audience samedi 4 mai dans la salle Clémentine, le Pape a prononcé le discours suivant.

Chers frères et sœurs!

Je suis heureux de vous recevoir ce matin, et je vous souhaite une cordiale bienvenue. Je remercie Mon-seigneur Benoît Rivière et le père Louis Dupont d’avoir pris l’initiative de cette rencontre dans le cadre de la célébration du 350e anniversaire des apparitions du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie.

La réparation est une notion que nous trouvons souvent dans les Saintes Ecritures. Dans l’Ancien Testament elle prend une dimension sociale de dédommagement pour le mal commis. C’est le cas de la loi mosaïque qui prévoyait la restitution de ce qui a été volé ou la réparation du préjudice causé (cf. Ex 22, 1-15, Lv 6, 1-7). Il s’agissait d’un acte de justice visant à sauvegarder la vie sociale. Par contre dans le Nouveau Testament, elle prend la forme d’une démarche spirituelle, dans le cadre de la rédemption opérée par le Christ. La réparation se manifeste pleinement dans le sacrifice de la croix. La nouveauté ici, c’est qu’elle révèle la miséricorde du Seigneur envers le pécheur. La réparation participe donc à la réconciliation des hommes entre eux, mais aussi à la réconciliation avec Dieu car le mal commis envers le prochain est aussi une offense faite à Dieu. Comme le dit Ben Sirac le Sage, «les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur les joues de Dieu?» (cf. Si 35, 18). Chers amis, combien de larmes coulent encore sur les joues de Dieu alors que notre monde connaît nombre d’abus contre la dignité de la personne, y compris au sein du Peuple de Dieu.

Le thème de votre colloque met ensemble deux expressions apparemment opposées: «Réparer l’irréparable». Il nous invite à espérer que toute blessure peut être guérie, même si elle est profonde. La complète réparation semble parfois impossible, lorsque des biens, des êtres chers, sont définitivement perdus ou lorsque des situations sont devenues irréversibles. Mais l’intention de réparer et d’en poser concrètement les actes est capitale à la démarche de réconciliation et au retour de la paix du cœur.

La réparation, pour être chrétienne, pour toucher le cœur de la personne offensée, et ne pas être un simple acte de justice commutative, suppose deux attitudes qui engagent: se reconnaître fautif et demander pardon.

Se reconnaître fautif. Toute réparation, humaine ou spirituelle, commence par une reconnaissance de son propre péché. «S’accuser soi-même fait partie de la sagesse chrétienne, cela plaît au Seigneur, parce que le Seigneur reçoit le cœur contrit» (Méditation matinale en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, 6 mars 2018). C’est de cette honnête reconnaissance du tort causé au frère, et du sentiment profond et sincère que l’amour a été blessé, que nait le désir de réparer.

Demander pardon. C’est la confession du mal commis, à l’exemple du fils prodigue qui dit à son Père: «J’ai péché contre le ciel et envers toi» (Lc 15, 21). Demander pardon rouvre le dialogue et manifeste la volonté de renouer dans la charité fraternelle. Et la réparation — même un début de réparation ou seulement déjà la volonté de réparer — authentifie la demande de pardon, elle en manifeste la profondeur, la sincérité, elle touche le cœur du frère, le console et suscite en lui l’accueil du pardon demandé. Alors, si l’irréparable ne peut être totalement réparé l’amour lui peut toujours renaître, rendant la blessure supportable.

Jésus demanda à sainte Marguerite Marie des actes de réparation pour les offenses causées par les péchés des hommes. Si ces actes ont consolé son cœur, cela veut dire que la réparation peut aussi consoler le cœur de tout homme blessé. Puissent les travaux de votre colloque non seulement renouveler et approfondir le sens de cette belle pratique de la réparation au Sacré Cœur de Jésus, pratique peut-être aujourd’hui un peu oubliée ou jugée à tort désuète. Puissent-ils aussi participer à en valoriser la juste place dans la démarche pénitentielle de tout baptisé dans l’Eglise.

Je prie pour que votre jubilé du Sacré Cœur suscite chez nombre de pèlerins un plus grand amour de reconnaissance envers Jésus, une plus grande affection, et pour que le sanc-tuaire de Paray-le-Monial soit toujours un lieu de consolation et de miséricorde pour toute personne en quête de paix intérieure. Je vous donne ma bénédiction. Et je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi. Merci.